Retour de zone rouge : comment faire pour contrôler le respect du test et de la quarantaine ?

À partir du 18 décembre, les contrôles seront renforcés aux frontières belges et les personnes revenant de zones rouges devront remplir le Passenger Locator Form, se mettre en quarantaine 10 jours et se faire tester au moyen d’un test PCR après 7 jours. Seulement dans la pratique, ce durcissement engendre de nombreuses interrogations notamment au niveau des communes et des zones de police. Car comment s’assurer que les Belges respectent la quarantaine ?

La mesure avait failli passer inaperçue. Lors du dernier comité de concertation, le premier ministre Alexander De Croo l’avait pourtant annoncé : les contrôles aux frontières seront renforcés pendant la période des vacances scolaires de fin d’année. Le but : éviter que les Belges se rendent à l’étranger pour aller skier ou festoyer en famille.

Et Karine Moykens, présidente du Comité interfédéral Testing et Tracing, l’a redit au micro de Radio 1 ce lundi. Dès le 18 décembre, toutes les personnes passant la frontière devront remplir le Passenger Locator Form (PLF). “Si elles sont restées plus de 48h à l’étranger, nous précise Karine Moykens. Moins de 48h, elles ne doivent pas remplir le formulaire.” Si elles étaient en zone rouge, elles devront se mettre en quarantaine 10 jours et se faire tester au bout du 7e. En cas de résultat négatif, la quarantaine pourra être écourtée. “Dès le 5e jour, vous pouvez prendre rendez-vous pour faire votre test le 7e jour. Si vous l’avez fait, vous recevrez un sms pour vous remercier en vous expliquant qu’il faut quand même rester en quarantaine jusqu’au résultat ou au 10e jours.”

Fin de l’auto-évaluation

Un changement de taille est aussi intervenu. Depuis le 1er octobre, un formulaire d’auto-évaluation était à remplir. Ainsi, même quand le voyageur rentrait de zone rouge, si son comportement n’avait pas été à risque, il ne devait pas nécessairement se mettre en quarantaine et se faire tester. Cette souplesse prendra fin le 18 décembre.

“Irréalisable et inapproprié”

“Est-ce qu’on se rend compte du nombre de formulaires que cela fait ? “, s’énerve Didier Gosuin (DéFi), bourgmestre d’Auderghem et actuel président de la conférence des bourgmestres. “Ce sont des technocrates qui ne pensent pas à comment on met cela en pratique sur le terrain. En plus, on va surcharger le système de suivi de contacts et de testing pour des personnes qui sont allées dans des zones aussi rouges que celles dans laquelle ils habitent. Ce durcissement est considérable et doit être précisé rapidement.”

Aucun contrôle de la quarantaine n’a été effectué aujourd’hui

Au delà du contrôle aux frontières, il a également été annoncé que des contrôles seront organisés pour vérifier que les gens se fassent bien dépister et restent chez eux. Au 7e jour, le centre de traçage d’Iriscare, appellera les personnes pour leur rappeler et vérifier qu’elles ont bien été testées. Si cela n’est pas le cas, le centre rappellera les jours suivants. Mais cela s’arrêtera là.

Quant à la quarantaine, c’est à la police de vérifier si les personnes sont à leur domicile. C’est d’ailleurs le cas depuis le début de la mise en place des quarantaines obligatoires en cas de contamination au covid. Seulement, depuis la fin du confinement, aucun contrôle n’a jamais été effectué en Région bruxelloise. Aucun PV n’a été dressé pour non-respect de la quarantaine. Pourtant, une amende de 500 euros jusqu’à 6 mois de prison a été prévue. “Ce n’était pas dans les missions qu’on nous demandait”, explique Olivier Slosse, porte-parole de la zone de police Bruxelles-Ixelles. “À partir du 18 décembre, nous verrons ce que nous devons faire. Il y a une réunion prévue avec la commission permanente de la police locale, pour toutes les zones du pays. À l’ordre du jour, on retrouve les questions sur le partage des informations, la mise à disposition de ces informations et les directives opérationnelles.”

Du côté d’Iriscare, on nous affirme que si les policiers demandent les listes, la structure les donnera mais cela ne sera pas fait d’initiative. “Nous n’allons pas dénoncer les gens”, explique Nicolas Lagasse, juriste d’Iriscare. “Nous devons travailler en toute confiance si nous voulons que les personnes nous donnent le nom de tous les contacts qu’ils ont eus, même si c’était pendant une soirée avec 20 personnes. Nous leur dirons de se mettre en quarantaine mais notre mission s’arrête là.”

Dans les zones de police, on préfère attendre de voir les consignes avant de réagir mais le fait est clair : il sera impossible d’aller sonner aux portes de tout le monde. “Je crois que la police a des missions plus importantes”, conclut Didier Gosuin. “Et puis, on voit bien que les informations ne circulent pas. Depuis le début, en tant que bourgmestre, je ne sais pas s’il y a un cluster dans ma commune et où. Alors aller vérifier que les personnes respectent leur quarantaine parce qu’elles sont allées une journée à l’étranger, c’est impossible.”

Une sollicitation importante du système de testing

Parmi les nombreuses questions opérationnelles, revient celle du testing. Pour le moment, environ 2 300 tests sont effectués quotidiennement en Région bruxelloise. Le nombre augmente progressivement depuis que les asymptomatiques sont à nouveau dépistés. Nous sommes donc loin de la capacité maximale qui est de 9 000 tests quotidiens. Il y a de la marge. Mais avec les retours de l’étranger, les laboratoires vont à nouveau être fortement sollicités. Et puis, pour la campagne de vaccination, il est envisagé d’utiliser les centres de dépistage comme lieu de vaccination. Seulement, le personnel ne peut pas faire les deux procédures en même temps. Cela sera donc une organisation précise à mettre en place pour ne pas compromettre la campagne de vaccination.

Vanessa Lhuillier – Photo: Belga/Thierry Roge