Le journal de bord de Sébastien du Samusocial (29 mars) : “Des tests pour les sans-abris ? Rien ne s’annonce”

Sébastien est directeur du (nouveau) Samusocial. Il partage avec nous quelques extraits de son  quotidien et de celui des équipes de terrain, ces travailleurs de l’ombre qui vivent en première ligne le défi actuel : rester présents pour aider les personnes sans abri alors que l’épidémie de Covid-19 a complètement bouleversé l’organisation des activités du dispositif d’aide.

Ce samedi, nous avons eu notre deuxième hébergé confirmé positif. Il venait de notre centre Poincaré, comme le premier d’ailleurs. Après avoir plaidé pour l’obtention de tests pour le secteur du sans-abrisme, il semble que rien ne se dessine à l’horizon, à part un certain silence sur le sujet. L’arrivage de tests n’est pas planifié. On nous a en tout cas dit de ne pas compter dessus dans un futur proche. Or, à l’heure actuelle, on préfère ne pas trop regarder le futur lointain. Difficile de se plaindre quand on sait que le personnel médical hospitalier n’est pas mieux loti. Différentes ONG comme MDM, IDR ou le Samusocial sont convaincues que seul un testing systématique permettrait d’isoler les négatifs des positifs. Et donc de bloquer ou limiter les contaminations, surtout en hébergement collectif. Nous avons sorti une communication conjointe à ce sujet.

L’Allemagne semble pourtant miser sur le testing, tout comme la Corée du Sud a misé sur le testing, tout comme Taïwan. La question semble encore pourtant loin de la réalité des comités de crise institutionnels. Même la presse est relativement silencieuse sur le sujet. C’est comme si la question des masques et du matériel de protection monopolisait aujourd’hui toute l’attention.

Depuis hier, notre structure d’isolement « Rempart 7 » est complète. Cette structure, dont le nom défie les lois du marketing organisationnel, accueille 19 lits, tous dédiés à loger des patients suspects du COVID-19. Le terme suspect se définissant par des symptômes de fièvre et de problèmes respiratoires. Cette saturation de notre capacité va de pair avec l’évolution de la courbe épidémiologique, qui devrait exploser dans les prochains jours. L’ouverture du centre de MSF à Tour & Taxis demain arrivera donc comme un profond soulagement.

Même les apéros s’organisent par vidéoconférence. En deux semaines, le confinement a chamboulé nos habitudes. Et c’est comme si cela allait durer encore des mois.

Retrouvez l’ensemble des journaux de bord de Sébastien du Samusocial dans notre dossier.

Photo : Pierre Lamour/Samusocial