Rue de la Loi : quel bilan pour la politique de mobilité à Bruxelles ?
La voiture recule, les transports en commun progressent, la pratique du vélo frémit. Voici en résumé les conclusions d’une grande enquête réalisée par le Service Public Fédéral Mobilité sur les déplacements domicile-travail. La version 2017 de cette étude vient d’être rendu publique. Cela n’intègre pas encore les dernières nouveautés en matière de déplacement (les fameuses trottinettes électriques par exemple) mais ces conclusions vont permettre d’éclairer le débat sur la mobilité bruxelloise.
Lancée en 2005 et réalisée tous les 3 ans, cette enquête du SPF Mobilité repose sur des données transmises par les entreprises. Une masse d’informations considérable, puisque près de 4 000 employeurs y collaborent, et qui concerne les déplacements d’un million et demi de personnes. Mais avec une limite malgré tout puisqu’elle se centre sur les entreprises de plus de 100 salariés.
Premier enseignement : les différences de comportement sont très marquées d’une région à l’autre. La voiture reste de loin le moyen de transport le plus utilisé pour rendre au travail. Mais si c’est le moyen de transport choisi par 8 wallons sur 10 (83,3%) et deux flamands sur trois (67,6%) cela ne représente que 36% des déplacements des salariés bruxellois. Cela veut dire que près de 2 bruxellois sur trois optent pour un autre moyen de transport. Si on additionne le train (34%), les trams, les bus et les métros (19,1%), les transports en commun sont le premier mode de transport dans la capitale. Cela représente un déplacement sur deux.
Deuxième enseignement la progression du vélo. Vélo ou vélo électrique. Cela représente 4,4% des déplacements bruxellois. C’est modeste, les grandes villes flamandes font beaucoup mieux. Mais l’augmentation est constante. En 2005, lors de la première étude le vélo ne représentait que 1,2% des déplacements. En l’espace de 12 ans le nombre de cyclistes a été presque multiplié par 4. La marche est également en augmentation.
Parce qu’elle s’inscrit dans la durée et permet de mesurer les évolutions, cette étude confirme donc que nous sommes donc en train de vivre un basculement de nos habitudes de transport. En 2005 45,1% des bruxellois préféraient encore la voiture. Cette évolution peut s’expliquer en partie par les couts de l’énergie (les carburants coutent de plus en plus cher), la congestion des villes (les temps de déplacement sont de plus en plus longs), une prise de conscience collective (les inquiétudes au sujet du climat), mais aussi par les politiques mises en place par les entreprises ou par les pouvoirs publics. Ce sont ces incitants qui devraient être débattus lors des semaines qui nous séparent du 26 mai. Si le politique n’initie pas le mouvement, il se doit de l’accompagner et d’adapter au mieux l’offre de transport sur laquelle il a prise.
En région bruxelloise, il y a aujourd’hui 524 km de pistes cyclables par exemple. Si on prend les pistes réellement séparées de la circulation automobile on tombe à moins de 180 km. L’objectif de Pascal Smet était d’en réaliser 80km supplémentaires. Pour l’instant 40 km sont déjà terminés, l’opposition évoque un demi-échec, mais le ministre de la mobilité affirme qu’on reste dans les temps pour réussir le pari d’ici à la fin l’année prochaine.
Pendant la dernière législature la région a également lancé deux nouvelles lignes de tram, la 8 et la 9. Pour les 5 ans qui viennent le grand débat sera la réalisation d’un métro nord-sud qui pourrait relier le centre de l’agglomération à Evere d’un côté, et à Uccle de l’autre. En théorie il serait souhaitable de ne pas échapper à un débat encore plus sensible sur les moyens de réduire la pression automobile. Cela pourrait passer par des mesures comme imposer une vignette ou des portiques à l’entrée de Bruxelles ou réduire les places de stationnement disponibles. Ce sont des mesures tellement impopulaires qu’on risque de ne pas vraiment les évoquer pendant la campagne électorale.
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