Agrandissement de Brussels Airport : le médiateur “dubitatif”, “un mépris des habitants” pour Woluwe-Saint-Lambert
Brussels Airport a annoncé vendredi un ambitieux plan d’investissement de 500 millions d’euros pour agrandir ses infrastructures.
Objectif : accueillir 32 millions de passagers d’ici 2032, contre 24 millions aujourd’hui. Ce chantier d’ampleur prévoit notamment la refonte complète des halls des départs et des arrivées, un nouvel hôtel 4 étoiles, ainsi qu’un meilleur lien intermodal.
Mais cette annonce fait grincer des dents, notamment chez Philippe Touwaide, le médiateur fédéral en charge de l’aéroport. Dans un communiqué, il se dit “fort déçu, étonné, dubitatif et surpris” par l’absence totale d’investissements visant à réduire la charge sonore ou la pollution générées par l’activité aéroportuaire.
“Une société privée ne peut, en 2025, vouloir se développer sans le moindre effort concret au niveau environnemental”, dénonce-t-il. Il rappelle que Brussels Airport Company n’a toujours pas alimenté le fonds d’isolation phonique depuis 2003 et n’a pas concrétisé le hall couvert pour les essais de réacteurs, pourtant exigé depuis 1988.
Même son de cloche du côté de Woluwe-Saint-Lambert, particulièrement concernée par les nuisances. Le collège communal pointe du doigt un investissement “au mépris des habitantes et habitants de la Région bruxelloise”, alors que les obligations environnementales de l’aéroport ne sont pas respectées. En six mois, 269 survols en infraction aux normes de bruit y ont été constatés, avec un pic en juillet.
“Ces infractions portent atteinte de façon importante au sommeil et au bien-être des habitants”, insiste le collège, qui regrette aussi l’enthousiasme affiché par le ministre fédéral de la Mobilité, Jean-Luc Crucke, malgré l’inaction persistante du gouvernement.
Pour le médiateur, comme pour la commune, une chose est claire : sans effort concret pour répondre aux exigences environnementales, l’aéroport ne peut plus prétendre à une telle expansion.
■ Reportage de Jean-Christophe Pesesse et Nicolas Scheenaerts