Vaccination : Bruxelles change de stratégie, avec la fermeture de plusieurs centres d’ici septembre

Alors que l’immunité collective ne devrait finalement pas être atteinte avant la fin de l’été dans la capitale, Bruxelles change de stratégie quant à la vaccination.

Se dirige-t-on vers la fin des vaccinodromes, ces grands centres de vaccination Covid-19, dans la capitale ? La Commission Communautaire Commune entend en tout cas en fermer certains centres d’ici à la fin de l’été, en opérant donc un shift vers une gestion plus locale de la vaccination.

Ainsi, dès la fin du mois de juillet, les premières doses ne seront plus délivrées en centre de vaccination. Les secondes doses, elles, continueront à être distribuées jusqu’à la fin de l’été. L’objectif est de pouvoir fermer la plupart des centres après le 31 août : ceux de Schaerbeek et de Woluwe-Saint-Lambert seront donc notamment fermés, afin que les activités scolaires et sportives puissent y reprendre.

Ces centres vont fermer fin août pour les deuxièmes doses, donc cela implique qu’on arrête les premières doses fin juillet. En première dose, on continuera durant le mois d’août uniquement avec le Johnson & Johnson “, explique Inge Neven, responsable de la stratégie bruxelloise de vaccination à la COCOM, “On est aussi en train de voir, pour les autres centres, comment on arrangera les choses. Sans doute qu’on va encore garder trois ou quatre centres ouverts, pour garder une capacité pour assurer des premières et secondes doses dans les mois à venir, et on va aussi devoir clarifier s’il y a une potentielle troisième dose : là aussi, toutes les discussions sont en cours pour voir qui serait le public-cible, quelle serait la durée pour cette troisième dose. En fonction de cela, on regardera la capacité qu’on aura besoin, et combien de centres devront rester ouverts“. Des précisions devraient être communiquées au plus tard lundi prochain.

Interview d’Inge Neven, responsable de la stratégie bruxelloise de vaccination à la COCOM

Davantage d’actions locales

Pour pallier à la fermeture de ces grands centres de vaccination, la COCOM amplifiera donc ses actions locales, avec une vaccination notamment via des équipes mobiles, des antennes locales, dans les maisons médicales ou dans certains grands cabinets de médecine générale.

► Reportage | Deux antennes de vaccination locales ouvrent à Saint-Josse et Molenbeek (20/05/2021)

L’une de ces actions ultra-locales débutera déjà à la fin de cette semaine : à Jette, un bus de vaccination proposera une centaine de doses du vaccin Johnson & Johnson, sans rendez-vous. Le véhicule stationnera toute la journée devant le 282 de la rue Jules Lahaye, le bâtiment Esseghem.

On continue à renforcer nos actions locales, et notamment on commence avec ce bus qui va se stationner dans des quartiers faiblement vaccinés jusqu’à présent. On fait ce premier pilote ces jeudi et vendredi à Jette, où le bus stationnera et où tout le monde peut venir chercher le vaccin unidose de Johnson & Johnson. Les habitants du quartier ont été informés de l’arrivée du bus, avec des flyers, la commune, des acteurs locaux, etc. On espère que beaucoup de monde va venir“, indique Inge Neven.

Parmi les autres points de la nouvelle stratégie bruxelloise, le fait que le nom de vaccin sera désormais indiqué lors de la prise de rendez-vous, et aussi l’élargissement des délais entre les deux doses (pour Pfizer et Moderna), entre 21 et 35 jours, afin de faciliter la planification des départs en vacances.

 

Les objectifs de fin juillet ne seront pas atteints

Reste que la couverture vaccinale à Bruxelles est moins importante qu’ailleurs dans le pays : ainsi, ce mardi, 57% des Bruxellois de plus de 18 ans ont reçu leur première dose, contre 86% en Flandre et 71% en Wallonie.

Quant aux secondes doses, la couverture bruxelloise est de 37%, contre 45% en Flandre et 48% en Wallonie.

Face à ces données, les autorités bruxelloises reconnaissent d’ailleurs qu’il semble désormais compromis d’atteindre les 70% de couverture vaccinale d’ici la fin juillet, ce que prédisait pourtant Inge Neven il y a un mois, sur notre antenne.

Aujourd’hui, “l’objectif de la fin du mois va être un peu trop ambitieux. Je pense que mi-juillet, on sera plutôt à 60% de premières doses. Ce sera un peu plus tard, mais j’ai bon espoir qu’avec toutes les actions mises en place, on arrive à la fin de l’été à ce pourcentage-là“, indique-t-elle.

► Article | L’objectif de 70% de personnes vaccinées ne sera pas atteint à la mi-juillet (05/07/2021)

 

Les jeunes, pierre d’achoppement de la stratégie de vaccination

Les autorités rencontrent en effet de plus en plus de défiance quant à la vaccination, venant notamment des populations plus jeunes : lorsque l’on descend la pyramide des âges, la population est nettement moins vaccinée.

À titre de comparaison, 80% des 75-84 ans ont reçu leur première dose, contre 36% pour les 18-34 ans.

C’est une tendance qu’on voit dans le monde entier, et donc en Belgique et à Bruxelles : pour les jeunes, l’avantage de se faire vacciner est moindre, puisqu’on a moins de risque d’être malade, etc. Mais il faut absolument le faire pour avoir une immunité de groupe, il y a l’intérêt de pouvoir éviter que le virus ne continue à circuler, qu’il y ait de nouveaux variants qui pourraient causer une quatrième vague“, explique Inge Neven, “mais on voit que l’intérêt et la volonté de se faire vacciner dans cette catégorie plus jeune est un peu plus faible : on essaie de mettre toutes des actions en place pour que les jeunes sachent qu’ils peuvent venir, qu’ils peuvent avoir un vaccin unidose (…) On a environ 5.000 inscriptions par jour, ce n’est pas énorme mais on voit que cette population est encore active“.

► Reportage | Fake news, questions, … : comment convaincre les jeunes de se faire vacciner ? (01/06/2021)

 

La vaccination bientôt ouverte aux 12-15 ans ?

Concernant la vaccination des jeunes, le Conseil supérieur de la Santé a d’ailleurs statué, selon une information dévoilée ce mardi, en faveur de la vaccination des 12-15 ans, particulièrement utile selon eux pour les jeunes ados avec des maladies sous-jacentes.

Du côté du cabinet du ministre bruxellois de la Santé, Alain Maron (Ecolo), on nous confirme que ce point sera bien à l’ordre du jour de la Conférence Interministérielle (CIM) Santé, qui se tiendra ce mercredi. Mais pas de prise de position officielle, pour l’heure, en faveur ou en défaveur de cet élargissement de la vaccination aux 12-15 ans.

 

Arnaud Bruckner – Photo : Belga (archives)