Une enquête ouverte après le suicide d’un Palestinien au centre fermé 127 bis
Une enquête interne a été ouverte après le suicide d’un jeune Palestinien au centre fermé 127bis, a annoncé mardi la ministre de l’Asile, Anneleen Van Bossuyt, en commission de l’Intérieur en réponse à des questions de Khalil Aouasti (PS), Greet Daems (PTB) et Sarah Schlitz ainsi que Matti Vandemaele (Ecolo-Groen). La ministre N-VA a laissé entendre que le jeune homme aurait reçu l’accompagnement nécessaire, une affirmation que conteste l’opposition de gauche.
Au début du mois, le collectif Getting the Voice Out, alerté par d’autres détenus du centre de Steenokkerzeel, a fait part du suicide de Mahmoud Ezzat Farag Allah. En dix ans, il s’agit du 9e décès dans un centre fermé, dont le 6e par suicide. Le jeune homme qui avait fui Gaza était arrivé en Europe via la Grèce où il avait reçu le statut de réfugié. Face à ses conditions de vie et aux violences qu’il disait avoir subies là-bas, il a gagné la Belgique où il a tenté d’obtenir un statut de protection. En vain. Ses cinq demandes ont été rejetées par le Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides (CGRA), dont les décisions ont été confirmées par le Conseil du Contentieux des Etrangers (CCE).
L’homme souffrait d’une grande fragilité psychologique. Il avait déjà tenté de mettre fin à ses jours peu de temps avant son enfermement. Selon son avocate, il n’a pas reçu l’accompagnement nécessaire une fois enfermé.
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Les députés ont relayé cette accusation. Pourtant, selon la ministre, dès son arrivée, il a fait l’objet d’un bilan de santé physique et mentale. Pendant son séjour, il a été suivi systématiquement par le service médical et le service psychologique. De manière formelle par des entretiens et des consultations, mais aussi de façon informelle par les observations quotidiennes du personnel et à travers la concertation multidisciplinaire organisée tous les jours dans le centre.
Quarante “contacts” ont été enregistrés, dont dix consultations auprès du médecin du centre. “Il ne peut clairement pas être question d’un refus de soutien psychologique“, a affirmé Mme Van Bossuyt qui a exprimé son regret devant ce “drame humain“.
Des députés critiquent le fonctionnement du centre
Des entretiens sont menés avec le personnel et les résidents afin d’obtenir une vue complète de la situation. Les députés ont un droit d’accès aux centres fermés et certains d’entre eux l’exercent régulièrement. Selon eux, la prise en charge médicale et psychologique est loin de celle décrite par la ministre. “Tous les directeurs le disent ouvertement : ça ne fonctionne pas bien. Alors, venir raconter ici que tout est bien organisé, je ne peux pas l’accepter“, a clamé M. Vandemaele.
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“Comme dans les prisons, les soins de santé dans les centres fermés sont défectueux, l’accès à un médecin n’est pas garanti“, a souligné M. Aouasti. “Il y a eu des dysfonctionnements“, a affirmé Mme Schlitz. “Il y a quelques années, cela aurait valu une démission de la ministre, mais on n’en est plus là“. Les conditions de l’accueil en Grèce, une des portes d’entrée de l’Europe, sont régulièrement dénoncées par les personnes qui y sont passées et les associations qui leur viennent en aide.
Mme Van Bossuyt a contesté l’image donnée, en invoquant un rapport de la Commission européenne du 4 avril : si des améliorations sont possibles, des efforts ont été fournis sous la supervision des instances européennes et le pays “dispose des infrastructures, des équipements et des outils nécessaires“. Quoi qu’il en soit, la ministre l’a assuré : elle n’entend pas revenir sur sa politique qui consiste à renvoyer les étrangers qui disposent d’un statut de protection dans un autre État membre.
Belga – Photo : Belga





