Une démission, deux leçons. L’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mercredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la démission du bourgmestre de Forest, Stéphane Roberti.

Dire que la démission de Stéphane Roberti est une grosse surprise, ce serait mentir un peu. Cela fait tellement longtemps que le bourgmestre de Forest est aux abonnés absents que continuer à s’accrocher à son fauteuil n’avait plus de sens.  Pour Stéphane Roberti comme pour les Forestois, voici donc une clarification qui était devenue indispensable.

Quand il s’est mis en congé maladie en novembre 2020, personne ne pouvait vraiment savoir combien de temps Stéphane Roberti serait absent. Sauf qu’un burnout prend du temps. Aujourd’hui cela fait 16 mois, déjà presque un quart de la mandature. 16 mois pendant lesquels les compétences du maïeur ont ainsi été reprises par Mariam El Hamidine.  Céder réellement le fauteuil de bourgmestre à celle qui assure la réalité du pouvoir, et en assume les conséquences, c’est de la pure logique. Et on peut même s’étonner qu’il ait fallu autant de temps pour mettre un terme à une situation qui était injuste sur le plan humain, dysfonctionnelle sur le plan administratif et risquée d’un point de vue politique.

La position de bourgmestre théorique de Stéphane Roberti était tout sauf simple.  Qu’il conserve son traitement de bourgmestre alors que sa remplaçante n’avait droit qu’au traitement d’échevine aurait dû secouer plus d’une conscience. C’était évidemment du pain béni pour l’opposition. Le fait que Stéphane Roberti se mette hors-jeu pour raison de santé est tout à fait respectable. Même un élu a le droit de se soigner quand c’est nécessaire. La difficulté, c’est qu’être bourgmestre ou parlementaire ou ministre n’est pas tout à fait un métier.  Ces fonctions politiques ne sont que des délégations limitées dans le temps. Quand on est plus en mesure de les assurer, c’est la représentation des électeurs qui vous ont confié ce mandat qui finit par en pâtir. Ça peut durer 15 jours, mais pas un an et demi.

On tirera deux leçons de cet épisode. La première, c’est qu’il est urgent de définir la procédure à suivre en cas de congé maladie. Qu’on ne sache pas clairement si c’est la commune ou la mutuelle qui rémunère un bourgmestre absent ne parait absolument pas normal. Le ministre des Pouvoirs locaux, Bernard Clerfayt, doit clarifier la question. Il y a urgence et il faut que la règle soit clairement établie avant les prochains scrutins.

La seconde leçon à ne jamais oublier, c’est que le poste d’élu local n’est pas une sinécure pour Bisounours. Un élu, c’est celui qui encaisse tous les jours les critiques, la pression, les insultes et parfois des menaces. On se lève tôt, on se couche tard, on n’est pas plus payé que bon nombre d’avocats, chefs d’entreprise ou hauts fonctionnaires. Il faut être solidement motivé et psychologiquement solide pour faire le boulot sans y laisser une part de sa santé mentale ou physique. Ça, on n’est pas sûr que tous les candidats bourgmestres en soient toujours conscients.

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■ Un édito de Fabrice Grosfilley