Une centaine de personnes manifestent dans la capitale contre le transit de gaz russe
Une centaine de personnes ont mené dimanche midi une action devant le siège du gestionnaire du réseau de transport de gaz Fluxys à Bruxelles pour exiger la fin du transbordement de gaz naturel liquide (GNL) venant de Russie au terminal de Zeebrugge.
Plus de la moitié des exportations de ce gaz passe par le port belge et un tiers s’en va directement vers d’autres pays. Une interdiction pourrait être décidée dans le cadre d’un prochain paquet de sanctions européen. Le 26 avril, parallèlement à la confirmation de la livraison des F-16 belges à l’Ukraine, le gouvernement De Croo a décidé de soutenir la cessation progressive du transbordement de GNL russe dans les ports européens.
La Flandre, en revanche, renâcle. La commission des Relations extérieures du parlement flamand a rejeté mardi passé une proposition de résolution de Groen demandant l’interdiction de cette importation.
Rassemblés à l’appel de plusieurs associations – dont Vredesactie (“Mouvement pour la paix”) et l’organisation ukrainienne “Razom we stand” -, les manifestants estiment que ce transit par Zeebrugge représente un revenu d’un milliard d’euros pour la seule année 2023 au bénéfice de la Russie.
“L’accès à Zeebrugge est une source de financement gigantesque pour le régime russe et un élément important pour la stratégie de guerre du Kremlin en Ukraine“, a pointé Mattijs Van Den Bussche (Vredesactie). “La situation est d’un cynisme criant. Les recettes fiscales générées par ce commerce ont rapporté plus au Kremlin que l’aide allouée par la Belgique à l’Ukraine.”
Maintenant que le gouvernement fédéral a décidé, dans les dernières semaines avant les élections, de soutenir des mesures visant le transbordement du gaz russe, les militants se tournent vers la Flandre.
“La Flandre a montré la semaine passée qu’elle était toujours réticente à soutenir l’interdiction. Nous appelons le gouvernement flamand à soutenir la proposition“, a déclaré M. Van den Bussche.
La ministre fédérale de l’Énergie, Tinne Van der Straeten (Ecolo-Groen), a exprimé son soutien aux manifestants et a demandé “où se trouvait la boussole morale de certains partis“.
“Avec notre pays, nous débloquons des milliards d’euros d’aide pour l’Ukraine. Mais le robinet continuera à couler tant que nous alimenterons la machine de guerre“, a-t-elle fait remarquer. Selon elle, il est important qu’une décision soit prise dans un cadre européen. “Si nous prenons une décision unilatérale, ces flux iront vers la France ou l’Espagne. Nous voulons une action coordonnée au niveau européen, c’est aussi ce que disent mes collègues.”
Les manifestants s’en sont pris également à Fluxys, qu’ils ont accusé de collaborer avec des “criminels de guerre”.
En 2015, alors que la Russie avait déjà annexé la Crimée et soutenait la sécession du Donbass en Ukraine, un contrat de 20 ans a été signé entre Fluxys et la société russe de production de gaz Yamal LNG, considérée comme l’un des soutiens de la guerre menée par la Russie. À cette convention était liée la construction d’un réservoir de 180.000 m3. Le contrat prévoyait le transport d’environ 7,6 milliards de m3 de GNL russe vers le terminal de Zeebrugge en 2023.
Belga – Photo : Belga