Une centaine de manifestants demande des permis de travail pour des sans-papiers exploités
Environ 70 personnes selon la police et jusqu’à 150 selon les organisateurs, ont manifesté lundi près des cabinets du ministre-président du gouvernement bruxellois Rudi Vervoort (PS) et du ministre régional de l’Emploi Bernard Clerfayt (DéFI) pour appeler à la régularisation par la délivrance de permis de travail.
Les manifestants arboraient des messages comme “À travail égal, salaire égal” et “Non au dumping social. Il nous faut un permis de travail !”. Ils ont aussi déroulé des banderoles des mouvements mobilisés, parmi lesquels le collectif des travailleurs migrants, la Ligue des travailleuses domestiques de la CSC Bruxelles, le collectif Occupation Zone neutre et le Mouvement Ouvrier Chrétien (MOC). Une délégation a été reçue au cabinet de Rudi Vervoort.
Des cas de personnes exploitées, qui n’ont pas réussi à obtenir justice, ont été mis en lumière. Mounir a pris la parole pour exposer plus en détail son cas. Il a travaillé pendant 4 ans pour le Foyer anderlechtois par le biais de la sous-traitance et a dénoncé en 2012 que 4 mois de travail ne lui avaient pas été payés. “J’ai fait confiance au tribunal et j’ai été choqué de voir que le jugement d’appel était contraire au premier”, remarque Mounir. “Moralement, cela fait très mal.”
Eva Maria Jimenez Lamas, porte-parole de la ligue des travailleuses domestiques de la CSC, déplore que “la justice pour les travailleurs sans-papiers n’est malheureusement pas rendue et met des années à aboutir. On a accompagné Mounir pendant 9 ans de procédure. Il était payé bien au-dessous du salaire minimum. Le tribunal du travail nous avait donné raison en 2018, mais il y a eu appel. Seul un patron qui a fait faillite a finalement été reconnu fautif il y a quelques mois, mais la responsabilité solidaire n’a pas joué”.
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“Aucune avancée au niveau de la Région”
Les mouvements soulignent que le ministre bruxellois de l’Emploi s’est prononcé le 19 juillet dernier en faveur de l’octroi d’un permis unique si le travail exercé correspondait à une réalité de pénurie sur le marché de l’emploi. Ils ajoutent que c’est la Région qui a la main depuis la 6e réforme de l’État. “On ne voit malheureusement pas d’avancée au niveau de la Région depuis la déclaration du ministre au moment de la fin de la grève de la faim des sans-papiers”, continue Eva Maria Jimenez.
“Avec l’urgence sanitaire et les métiers en pénurie, la Région peut déroger à la règle, à l’article 4.2 de la loi de 1999 (“l’autorisation d’occupation n’est pas accordée lorsque le ressortissant étranger a pénétré en Belgique en vue d’y être occupé avant que l’employeur ait obtenu l’autorisation d’occupation”). Cela forcerait la main au fédéral, comme cela s’est fait en Suisse en 2017-2018 dans le canton de Genève pour amener les patrons à régulariser le travail au noir des sans-papiers”, conclut-elle.
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Quelque 2 000 cartes signées par des citoyens pour appeler à la régularisation des personnes sans-papiers seront prochainement envoyées aux cabinets de Bernard Clerfayt et Rudi Vervoort.
Avec Belga – Photo : CSC Bruxelles