Le gouvernement bruxellois lève le voile sur son Plan Taxi
Un avant-projet de plan taxi est sorti dans la presse ce jeudi matin. Le ministre-président Rudi Vervoort (PS), l’a présenté à la veille d’une manifestation des chauffeurs de LVC. Le plan reste encore flou et doit être discuté au sein du gouvernement.
Il y a déjà eu des discussions en intercabinet mais pas de discussion formelle au sein du gouvernement. Il s’agit uniquement d’un projet d’ordonnance qui reprend en partie ce qui avait été présenté par l’ancien ministre de la Mobilité Pascal Smet (one.brussels) lors de la législature précédente. En plus, ce projet reprend ce qui avait été indiqué dans la déclaration de politique régionale.
Dans la note, l’amélioration du service aux usagers est l’objectif principal. Il devrait avoir un prix minimum pour une course qui doit être annoncé à l’utilisateur et il faut aussi éviter la variation de prix comme le fait Uber.
Dans le plan, on fait la distinction entre taxi de station et taxi de rue. Le taxi de station est le taxi classique que nous connaissons. Celui de rue correspond au LVC. Ces véhicules ne peuvent pas circuler en vue de prendre des clients, ni aller en station, ni emprunter les voies de bus. Les plateformes ne sont pas interdites, mais réglementer selon la note.
L’épineuse question des licences
A Bruxelles, le secteur des taxis est réglementé avec des licences qui coûtent très cher. Aujourd’hui, il y a en 1300 et les autres sont pour les LVC et là, il n’y a pas de numerus clausus. En 2015, il y en avait 250 et avec l’arrivée d’Uber ou Heetch, leur nombre a été multiplié par 5. Pour le député socialiste, Jamal Ikazban, il ne faut pas remettre en question ce principe de numerus clausus. “Si on a mis un numerus clausus, c’est pour que l’activité de taxi reste rentable. Il a toujours existé et il faut avoir la modestie de se dire que s’il existe, c’est qu’il y a une raison. Il ne faut pas le revoir alors qu’on est en pleine crise corona. Il faut une étude indépendante pour fixer ce numerus clausus.”
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Une étude avait pourtant déjà été réalisée par la société Deloitte et elle avait été présentée en 2019. Elle disait que le secteur du taxi bruxellois pouvait absorber environ 5000 chauffeurs. Actuellement, avec les taxis et les LVC, on comptait 4057 chauffeurs au 1er mai 2021.
Réglementer le secteur
Au niveau des plateformes, pour le secteur, le projet n’est pas clair puisqu’on ne sait toujours pas si les smartphones peuvent être utilisés pour la réservation des courses. Enfin, des contrôles pourront être effectués pour vérifier le statut des chauffeurs.
Alors sans surprise, cet avant-projet laisse le député MR David Weytsman sur sa faim. “On est une des villes les plus congestionnées et on a un gouvernement qui interdit aux chauffeurs de travailler. On a toujours pas les éléments concrets. Si on en est là, c’est parce qu’on a un système monopolistique et des chauffeurs qui veulent travailler. Maintenant on dit que les LVC doivent rentrer dans le système de licence, mais comme il n’y en a pas assez, on se retrouve avec le même problème.”
Le député bruxellois cdH Christophe De Beukelaer estime que cette présentation d’avant-projet et, sur la forme, “un manque de respect du gouvernement envers les chauffeurs LVC”. Il ajoute : “J’attends de cette réforme qu’elle prévoit des droits et des devoirs équitables pour les chauffeurs de taxi et LVC. Plutôt que de les opposer sans cesse, il est urgent d’unifier le secteur avec une licence unique et des bases saines.” Il ajoute que le cdH exige le retrait de la circulaire empêchant les chauffeurs d’utiliser leur smartphone pour gérer leurs courses et l’arrêt des contrôles.
À présent, il faudra voir si les autres partis de la majorité sont d’accord avec le plan de Rudi Vervoort. Les discussions doivent encore se tenir, mais on nous dit que les partis ne voudraient pas en faire un point de blocage.
Ensuite, le plan sera présenté au secteur. Et à chaque fois, les tensions ont été fortes entre le gouvernement, les taxis et les chauffeurs LVC. Rudi Vervoort, lui, vise une adoption de l’ordonnance pour 2022, même s’il reste très prudent vu l’historique du dossier.
■ Reportage de Michel Geyer et Nicolas Scheenaerts avec Djôp Medou