Un lanceur d’alerte licencié par la Stib, l’affaire portée devant la justice
Un lanceur d’alerte a été licencié à la Stib. Selon ce Bruxellois, il s’agit d’un licenciement abusif qui fait suite à ses dénonciations de pratiques douteuses sur l’obtention de marchés publics. La société de transports en commun dément. Aujourd’hui, l’ancien employé porte l’affaire devant la justice
“C’est comme si un curé découvre que Dieu n’existe pas, il ne peut pas continuer à mentir à ses fidèles.” C’est avec ses mots que l’employé concerné nous explique la nécessité qu’il a ressenti de dénoncer, il y a plus de deux ans, le non respect de son employeur des règles concernant l’obtention de marchés publics. “Je l’ai signalé à ma hiérarchie directe comme c’est prévu, la réaction a été ‘ce ne sont pas nos affaires, on laisse courir“, explique-t-il. Une réponse qui n’a pas satisfait l’employé qui s’est alors tourné vers la direction. Là, même son de cloche. Il finira par être licencié quelques mois après ces révélations.
Pour la Stib, ce licenciement n’a aucun lien avec son rôle de lanceur d’alerte. “Celui-ci a été licencié en 2023 pour des raisons indépendantes de ses signalements, après plusieurs années marquées par des comportements problématiques répétés, notamment des conflits avec ses collègues et sa hiérarchie“, réagit la société de transports.
Mieux protéger les lanceurs d’alerte
La médiatrice régionale Catherine De Bruecker a elle aussi été sollicitée. Elle va dans le sens du plaignant : “Nous avons vérifié si son licenciement était lié ou non à son signalement. En principe, il y a une présomption de représailles. Nous avons considéré que la Stib n’avait pas renversé cette présomption et que ce licenciement devait donc être considéré comme une représaille.”
L’homme a reçu le titre de lanceur d’alerte. Pour son avocate, Leïla Lahssaini, ce combat va donc plus loin que ce simple dossier. “L’objectif est de faire prendre conscience à de grandes organisations publiques comme la Stib qu’il faut mettre en place tout ce qu’il faut pour protéger les travailleurs qui, en fait, essayent de rendre service à l’organisation.”
C’est désormais à la justice de trancher : l’audience au tribunal de travail de Bruxelles est prévue pour le mois d’avril 2026.
■ Reportage de Jim Moskovics, Charles Carpreau et Stéphanie Mira