Tueries du Brabant: la piste française va être explorée
La Chambre des mises en accusation de la cour d’appel du Hainaut a décidé d’explorer la piste française dans le cadre de l’affaire des tueries du Brabant.
De nouveaux devoirs d’enquête vont être menés, indiquent vendredi plusieurs médias sur la base d’une information dévoilée par l’avocat des parties civiles à TV Lux. Le parquet fédéral confirme l’information.
Les enquêteurs doivent donc désormais déterminer si deux voyous du nord de la France, les frères Thierry et Xavier Sliman, tous deux décédés depuis des années, ont été impliqués dans les tueries du Brabant.
Les tueries du Brabant désignent une série de crimes et plus spécialement de braquages sanglants, qui ont coûté la vie à 28 personnes. Les faits ont été commis en Belgique, principalement dans des grandes surfaces de la province de Brabant, de 1982 à 1985. En juin 2024, le parquet fédéral avait annoncé clore l’enquête sur les tueries du Brabant, ouverte depuis plus de 40 ans, car “aucun acte d’enquête actif ne pouvait encore être posé dans ce dossier”.
Toutefois, les victimes gardaient la possibilité de consulter le dossier et éventuellement de demander des actes d’enquêtes supplémentaires. C’est d’ailleurs ce qu’avaient fait plusieurs parties civiles. En janvier dernier, la chambre des mises en accusation de Mons avait ainsi ordonné d’enquêter sur le témoignage de deux garçons originaires d’Opwijk qui, le 9 novembre 1985, quelques heures avant le braquage mortel d’un Delhaize à Alost, avaient relevé les plaques d’immatriculation de deux voitures (une Golf de couleur sombre et une Mercedes de couleur claire) ayant été utilisées pour cette attaque.
Les deux jeunes avaient noté les plaques d’immatriculation des deux véhicules dans un petit carnet et l’avaient signalé à leur père lorsque la nouvelle du braquage avait fait la Une de l’information. Ce dernier a alors transmis le carnet à la police, qui l’a ajouté au dossier. Mais les deux témoins n’ont jamais été interrogés et aucune enquête n’a été menée au sein de l’entreprise bruxelloise où la Golf avait été immatriculée en tant que voiture de société à l’époque.
Récemment, la chambre des mises a également ordonné qu’une autre piste soit étudiée, à savoir celle des frères Thierry et Xavier Sliman. Ces malfrats, particulièrement violents, ont commis, avec leur bande, plusieurs braquages dans le nord de la France à l’époque des tueries du Brabant. D’après Jean-Pierre Adam, un gendarme à la retraite, plusieurs indices laissent penser que les deux truands pourraient également être impliqués dans les expéditions sanglantes dans le Brabant. L’ancien gendarme a écrit deux livres au sujet de ce qu’il a appelé “la piste française”, piste qu’il a découverte par hasard quand il enquêtait sur l’affaire Dutroux.
Le mois dernier, France Télévision a consacré une émission à ce nouvel angle d’approche jusqu’ici non exploré par les autorités judiciaires belges. Le gendarme Adam avait remarqué que les faits commis en Belgique s’étaient déroulés alors que Thierry Sliman était libre. Ce dernier aurait confié à l’un de ses amis, lors d’une visite en Belgique, qu’il avait du sang sur les mains dans ce pays. Xavier Sliman aurait été incarcéré le 19 mars 1984 et Thierry le 30 septembre de la même année, jusqu’à la mi-1985. Soit précisément lorsque aucun crime avec la griffe des Tueurs du Brabant n’a été commis en Belgique.
Un des portraits robots des suspects des Tueries, diffusés à l’époque, ressemblait en outre étrangement à un des complices des frères Sliman. Par ailleurs, lors d’une enquête sur l’assassinat d’un restaurateur dans les années 2000, l’ancien gendarme a découvert dans le dossier de Xavier Sliman auprès de la justice française un avis de recherche pour l’attaque de l’armurerie Dekaise à Wavre, le premier crime qu’auraient commis les Tueurs du Brabant. Xavier Sliman ressemblait fortement à la photo de l’avis de recherche mais cette information n’a jamais été transmise aux enquêteurs belges.
Belga
■ Reportage de C.Collin et G.Lecoyer