STIB : fuite d’une enquête interne sur la neutralité, l’entreprise réagit
Une enquête interne menée au sein de la STIB par rapport aux questions de neutralité nous est parvenue ce lundi.
Il en ressort que 50,2% du personnel (43,9% chez les femmes) se sentiraient à l’aise si un collègue ou collègue portait des signes convictionnels au travail, mais une majorité (62 ,6%) préfèrerait que cela ne soit pas autorisé quelles que soient les fonctions exercées. Des résultats qui vont donc à l’encontre de la décision prise par la gouvernement bruxellois.
Pour rappel, la STIB a été condamnée en 2021 pour discrimination à l’embauche suite à une plainte portée par une candidate recalée en raison d’un refus d’ôter son hijab. Le gouvernement a finalement décidé de ne pas aller en appel de cette décision, mais d’opter pour un compromis : la neutralité exclusive reste la règle pour les fonctions d’autorité ou en contact avec le public, mais des dérogations sont possibles pour les autres.
Le CAL appelle à un cadre législatif clair
L’enquête révèle par ailleurs que la perception du prosélytisme est une réalité pour les agents de la STIB : 21,9% déclarent que des collègues se sont montrés insistants à leur égard pour les faire adhérer à certaines de leurs idées et/ou pratiques religieuses, philosophiques ou politiques. Et plus de 28,1% estiment avoir été témoins de telles tentatives envers d’autres collègues. En conséquence, 76,5% demandent d’être protégés contre l’influence de leurs collègues et 75,9% demandent de donner un cadre clair aux responsables de la STIB pour prendre de mesures lorsque des pratiques de prosélytisme sont constatées.
Le Centre d’Action Laïque (CAL) a rapidement réagi, parlant de “résultats à prendre au sérieux”. “Ils appellent à la prise urgente de mesures contre les discriminations et le prosélytisme, dans un contexte où la question des signes convictionnels apparaît comme le symptôme d’un mal bien plus profond“, a-t-il commenté. Le Centre réitère dès lors son appel à l’adoption “d’un cadre législatif clair garantissant fermement la neutralité des agents publics et leur protection contre toute forme de prosélytisme“.
Cette enquête a été menée sur 1.329 membres de l’entreprise, tout poste hiérarchique confondu. Les résultats ont cependant été pondérés en fonction du poids réel de chaque catégorie de personnel dans l’organisation.
“Nous ne pourrons satisfaire tout le monde à 100%”
Contactée par nos soins la STIB, s’exprime sur cette fuite. “Cette enquête est l’un des éléments du trajet que nous avons entamé en juin 2022 afin de repenser notre politique de neutralité suite au jugement du tribunal du travail dans le cadre fixé par le gouvernement régional. C’est un élément quantitatif important mais ce n’est pas le seul. La STIB avec son partenaire externe a également organisé d’autres actions comme des groupes de discussion, des entretiens individuels, une journée thématique à Flagey réunissant des participants internes et externes à l’entreprise. Tous ces éléments, participent au travail de construction de la future politique de neutralité qui sera proposé prochainement aux organes de gestion.”
Selon la société de transports, l’enquête montre à quel point les questions de convictions et d’expression des convictions sont des sujets sensibles, complexes et qui génèrent des ressentis contrastés. “Ce n’est pas pour rien que le législateur a des difficultés à se positionner et que la jurisprudence en la matière est aussi variée“, ajoute-t-elle. “Nous savons déjà que nous ne pourrons pas satisfaire tout le monde à 100 %. Et que la solution qui sera mise en place sera nécessairement une solution de compromis. Le souhait de la STIB est d’aboutir à une solution qui ne sera peut-être pas parfaite mais avec laquelle chaque stibien pourra vivre et travailler sereinement au sein de l’entreprise.”
V.d.T. – Photo : Belga