Semira Adamu, la demandeuse d’asile qui a changé les règles d’expulsion

Le 22 septembre 1998, Semira Adamu perdait la vie, des suites de violences policières. À l’époque, l’affaire avait fait grand bruit et avait révolté l’opinion publique. Aujourd’hui, les méthodes policières ont évolué mais le monde associatif n’est toujours pas satisfait.

La demandeuse d’asile d’origine nigériane faisait l’objet d’une sixième tentative d’expulsion du territoire belge. Dans l’avion, deux gendarmes avaient utilisé la “technique du coussin”, qui vise à empêcher les récalcitrants de respirer et censé les calmer. Dans la théorie du moins car quelques heures plus tard, Semira Adamu allait décéder à l’hôpital Saint-Luc.

Plus tard, une enquête judiciaire allait mener à l’inculpation de neuf gendarmes ayant appliqué les procédures d’expulsion. Mais en décembre 2003, cinq gendarmes ont été acquittés alors que les quatre autres n’ont été poursuivi que pour “coups et blessures involontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner”.

Ces méthodes d’expulsion ne sont plus d’actualité aujourd’hui : “Les policiers ont pour consigne de procéder à l’expulsion de la manière la plus humaine possible. ces gens ont fui leur pays pour de bonnes raisons, et ça, les policier en sont informés“, explique Jonathan Pfund, attaché de presse de la police fédérale.

Un recours à la force toujours autorisé

Pourtant, le recours à la force est toujours autorisé, sur base du principe de légitime défense: “Les policiers doivent répondre à deux critères : la subsidiarité et la proportionnalité“, ajoute le président national du Syndicat libre de la fonction publique (SLFP).

Pour Cataline Sénéchal, de la Coordination Semira Adamu, la solution serait de filmer les opérations policières : “Ces vidéos pourraient créer une sorte de contrôle social“, affirme-t-elle. Pour Sotieta Ngo, directrice générale de l’ASBL Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers (Ciré), les maisons de retour, ces maisons unifamiliales ouvertes où peuvent être détenues des familles avec des enfants mineurs, semblent être un moindre mal : “Certes, c’est toujours de la détention. Mais dans les faits, les personnes n’ont pas d’entraves physiques entres elles et l’extérieur”