Sans-abris : “Avec un accompagnement plus personnalisé, les personnes peuvent se réinsérer”

En 2020, Bruxelles a connu une augmentation du nombre de sans-abris de 27%. En même temps, le nombre de places disponible n’a jamais été aussi important et surtout, les personnes ne sont plus remises dehors à la rue la journée, ce qui permet un meilleur accompagnement. François Bertrand, directeur de Bruss’Help, fait le point.

C’est votre première année de plein exercice. Est-ce que vous constatez une augmentation du nombre de personnes sans-abri à Bruxelles?

On constate une augmentation de sans-abris et de mal logés avec une importance d’enfants identifiés en rue.

Faut-il encore créer plus de place d’accueil?

Le nombre de places est considérable et un effort a été produit dès 2020. C’est près de 4.000 places qui sont actives dont 500 places en hôtel et des maisons d’accueil.

Malgré le nombre de places et le plan 4 saisons, la Ville de Bruxelles a dû ouvrir 100 places en urgence. La commune d’Evere va le faire également. Comment expliquez-vous ce paradoxe?

Ce n’est pas un paradoxe mais l’impact de la crise de Fedasil. Ce sont les structures de l’aide en sans-abris qui viennent directement que cela soit le New Samusocial ou la Plateforme citoyenne. Et malheureusement, Bruxelles a un rôle d’attraction.

Vous avez fait le bilan de l’hébergement en hôtel et on voit que plus de personnes trouvent une solution de relogement durable. Cela signifie qu’il faut poursuivre dans cette voie?

L’année 2020 a été une année test pour mettre à l’abri les personnes. Nous avons vu qu’une stabilisation des personnes donnait d’excellent résultat. Le passage d’accueil 24h/24 au New Samusocial donne aussi des résultats. Nous avons l’objectif de rétablir les droits sociaux pour qu’elles trouvent un logement dans la durée. Nous changeons donc de philosophie et cela était demandé par plusieurs acteurs de terrain.

Quel est le profil des personnes relogées?

C’est principalement les personnes de nationalité belge car il est plus rapide de rouvrir leurs droits mais aussi pour les ressortissants européens. Pour les personnes sans-papiers, on reste dans un blocage, car elles ne peuvent avoir de ressources et aller vers le logement privé ou social.

Peu de personnes sont relogées dans un logement social. Ne devrait-on pas augmenter les partenariats?

C’est en cours depuis 2021 dans le cadre du plan de relance. Bruss’Help est associé dans le plan logement car nous captons des logements publics ou des AIS. Nous sommes au début du processus et nous espérons une montée en puissance car c’est grâce à ce logement que l’on peut redonner la dignité aux personnes.

Est-ce que ce soir, les citoyens peuvent encore donner un peu de leur temps pour le réveillon?

Oui, c’est toujours possible. Les citoyens bruxellois sont très engagés et comme chaque année, il est possible d’aider sur le terrain en prenant contact avec les organismes ou aller sur notre site internet www.brusshelp.org Il ne faut pas hésiter à venir en aide toute au long de l’année aussi.

■ Interview de François Bertrand, directeur de Bruss’Help, par Vanessa Lhuillier