Samusocial : les ministres bruxellois bousculés en Commission des Affaires sociales
Le ministre-président de la Région bruxelloise Rudi Vervoort (PS) et les ministre en charge de l’Aide aux Personnes Céline Fremault (cdH) et Pascal Smet (sp.a) ont été interrogés ce mercredi durant une longue séance de la commission des affaires sociales du parlement bruxellois. Cette séance était organisée en préambule à la commission d’enquête qui sera mise en place dans les prochains jours. On y a notamment évoqué les relations tendues entre la Région bruxelloise et le Samusocial.
“Il y avait une certaine ingénierie pour que nous ne soyions pas avisés dès l’instant où nous avons pris l’initiative de dire qu’il fallait un contrat de gestion entre la Commission Communautaire Commune et le Samusocial limité au périmètre des moyens que la CCC mettait à la disposition du Samusocial“, a dit d’emblée le ministre-président Rudi Vervoort (PS). Précisant au passage, à l’attention d’Alain Maron (Ecolo), que le gouvernement avait transmis le rapport des commissaires du gouvernement bruxellois au parlement le 8 juin dernier, M. Vervoort a ajouté que “de toute l’organisation par rapport aux jetons de présence, rien n’apparaissait”. Pour lui, il est clair que Pascale Peraïta dont le contrat comme directrice du Samu est suspendu depuis 2013, “n’a plus sa place à la tête du Samusocial“, au moins sur le plan de l’intention. D’après le ministre-président, les montants perçus par M. Mayeur et Mme Peraïta au Samusocial n’ont pas été comptabilisés dans le calcul du respect du plafond de 150% du revenu d’un parlementaire.
De son côté, la ministre Céline Fremault (cdH) a précisé que les commissaires du gouvernement ont été contournés dans leur travail de suivi des séances du Conseil d’administration du Samusocial par la tenue de réunions séparées organisées dans la foulée de celles-ci, en leur absence. Pascal Smet a évoqué l’existence d’une réunion houleuse à l’Hôtel de ville de Bruxelles au sujet du contrat de gestion et au cours de laquelle Yvan Mayeur a affirmé que “jamais la Région n’entrerait dans le Samusocial“. Ces propos ont été confirmés par Céline Fremault, mais selon elle, ils ont été tenus le 3 septembre 2015, au cabinet du ministre Smet, lors d’une réunion concernant l’occupation par des réfugiés, du Parc Maximilien.
Auparavant, les commissaires du gouvernement bruxellois, Tina Martens et Sandrine Cnapelinckx ont présenté le rapport qu’elles ont transmis au gouvernement il y a une semaine au sujet de la gestion du Samusocial et de l’attribution de jetons de présence aux administrateurs. Au-delà des chiffres présentés il y a quelques jours, celles-ci ont fait état de l’existence de traces de l’attribution de jetons de présence en 2006, soit bien avant janvier 2014, mois de leur première officialisation en assemblée générale.
Sur les bancs parlementaires, les critiques ont fusé à propos de la gestion opaque de l’ASBL et de l’attribution de jetons de présence dans une association d’aide aux sans-abri mais aussi, de manière plus sélective en direction du gouvernement, et de son prédécesseur, pour ne pas avoir agi avec suffisamment d’efficacité alors qu’il lui accordait d’importants subsides pour héberger des sans-abri dans le cadre du dispositif hivernal.
Alain Maron (Ecolo) a ainsi demandé pourquoi avoir continué à donner des moyens toujours plus importants à une structure confrontée à d’importants problèmes de gouvernance. Emmanuel De Bock (DéFI) a demandé que l’on procure aux députés la liste des prestataires de mission pour le Samusocial et a dit espérer ne pas avoir à y découvrir les traces d’une “politique clientéliste”. Vincent De Wolf (MR) a estimé que le gouvernement bruxellois portait une “responsabilité politique grave” dans ce dossier et que l’on payait aujourd’hui les conséquences d’un manque d’anticipation en matière de règles de transparence. Benoît Cerexhe (cdH) a invité son collègue libéral “à faire un peu d’introspection: on ne peut avoir des gens complètement aveugles d’un côté (ndlr: à la Ville de Bruxelles où le MR est dans la majorité) et jouer ici la carte de la clairvoyance”.
Pour le PS, Véronique Jamoulle a souligné que ce qui se passait était très dur pour son parti et ses militants “car cela va à l’encontre de nos valeurs. Je peux vous assurer que nous travaillerons à la transparence et au rétablissement de la vérité que nous devons aux donateurs du Samusocial, aux sans-abri et aux travailleurs qui bénéficient de traitements bien en-deçà de ceux perçus par certains mandataires”, a-t-elle dit. (avec Belga)
- Reportage de Jean-Christophe Pessesse.