Saint-Gilles : les croquettes de Fernand Obb sont difficiles à avaler pour le voisinage
Depuis son ouverture en 2018, le voisinage du restaurant Fernand Obb Delicatessen, rue de Tamines à Saint-Gilles, a entamé des procédures judiciaires contre son installation. Aujourd’hui, le restaurant n’a plus de permis d’urbanisme et une procédure de médiation est en cours.
Pour beaucoup, l’odeur des croquettes crevettes de Fernand Obb fait saliver les papilles, mais pour le voisinage du restaurant qui fabrique les meilleures croquettes de crevettes de Bruxelles, elle provoque l’écœurement. Avant même l’ouverture de l’établissement, le 23 février 2018, Maria Toledo, voisine directe du 27 rue de Tamines, introduit une demande d’annulation du permis d’urbanisme délivré en décembre 2017. Ce permis autorisait Cédric Mosbeux, propriétaire du restaurant Fernand Obb Delicatessen, à transformer l’ancien coiffeur en restaurant et épicerie fine. Le bâtiment, lui, appartient à la régie foncière saint-gilloise.
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Si la commune de Saint-Gilles a délivré le permis, Maria Toledo et quelques autres voisins ne voient pas d’un bon œil l’arrivée du restaurant, jugeant notamment que le quartier comporte déjà assez d’horeca. La voisine craint surtout les odeurs de cuisine et les vibrations des extracteurs situés contre le mur de sa cuisine. Elle rentre donc une requête auprès du conseil d’Etat.
Cela n’empêche pas le restaurateur de faire ses travaux d’aménagement et d’ouvrir en juin 2018, une demande d’annulation n’étant pas suspensive.
Deux ans de procédure judiciaire
Pendant les deux années de procédure, Maria Toledo fait constater par Bruxelles Environnement que les moteurs des extracteurs d’air engendrent un dépassement de la norme sonore et des vibrations. Cédric Mosbeux installe donc des caissons anti-bruit. “Cela ne change rien, se plaint toujours la voisine. Mon fils ne peut plus ouvrir la fenêtre de sa chambre à cause des odeurs et on entend les clients depuis notre cuisine. En plus, il exploite l’intérieur de l’ilot alors que cela n’est pas prévu dans son permis.”
Effectivement, alors que le permis d’urbanisme stipule que le jardin en intérieur d’ilot ne peut servir de terrasse pour le restaurant, Cédric Mosbeux place tout de même des tables pour les clients. Après des plaintes, la commune de Saint-Gilles a envoyé un agent sanctionnateur qui a constaté l’infraction avant le premier confinement. Le restaurateur a cessé cette pratique et a reçu une amende.
Le conseil d’Etat a mis deux ans pour étudier l’affaire sur le fond. Le 23 décembre 2020, il rend son arrêt et annule le permis d’urbanisme. Pour lui, comme le restaurant n’est pas en lisière d’une zone commerciale selon le plan régional d’aménagement du sol (Pras), aucune installation ne peut porter atteinte à l’intérieur de l’ilot. Les cheminées pour la hotte dépassant, elles doivent être retirées.
Une conciliation en cours
Malgré ce jugement favorable, Maria Toledo ne s’est pas arrêtée là. Elle a également agi au niveau du tribunal de première instance au nom de la commune. Elle demande des astreintes au restaurateur qui continue d’exploiter les lieux. Une médiation doit avoir lieu ce mardi avant de passer devant le tribunal. “Le conseil d’Etat ne remet pas en cause la présence de l’horeca, explique Maxime Chomé, avocat de Cédric Mosbeux. Il faut une proportionnalité entre l’infraction et la sanction. La fermeture serait disproportionnée mais un dialogue se renoue ce qui est une bonne chose.”
Pour le moment, l’avocat de Maria Toledo a demandé le paiement de 1.000 d’astreintes tant que les travaux ne sont pas réalisés. Un montant impensable pour le restaurateur.
Nouvelle demande de permis
Une autre demande de permis d’urbanisme a donc été introduite par la commune de Saint-Gilles puisque c’est elle qui est propriétaire des murs dans lesquels s’est installé Fernand Obb. Il concerne la construction d’une cheminée pour la hotte qui doit passer par les autres appartements afin d’arriver au milieu du toit et non être en façade arrière comme actuellement. La Région bruxelloise doit examiner le dossier et accorder ou non le permis.
Cependant, la voisine conteste déjà les plans remis et l’emplacement des moteurs pour l’extraction dont l’emplacement ne change pas. Ce n’est donc pas tout de suite que les deux parties partageront la croquette de crevettes de la paix en terrasse.
Vanessa Lhuillier – Photo: Fernand Obb Delicatessen/Facebook