Rue de la Loi : l’accord de gouvernement bruxellois comptera sur le musée Kanal

Quatorze mois d’activité, 343 journées d’activités et 400 000 visiteurs. Voici résumé en trois chiffres le premier bilan du musée Kanal, dans sa version “Brut” avant les travaux de rénovation. Un bilan plus que satisfaisant pour l’équipe aux manettes du musée d’art contemporain installé dans les locaux de l’ancien garage Citroën et adossé au Centre Pompidou (Paris) après que les projets de collaboration avec l’État fédéral pour bénéficier des collections du Musée Royal des Beaux-Arts aient finalement du être enterrés.

En lançant le musée les autorités bruxelloises, Rudi Vervoort en tête, avait insisté sur sa dimension économique (un musée d’art contemporain peut attirer les touristes et donc profiter au secteur horeca) mais aussi sur le nouvel aménagement du territoire que permettait l’opération, en favorisant le brassage des bruxellois et en redynamisant un quartier (de l’autre côté des boulevards et le long du canal) qui en avait besoin.

En quatorze mois  le musée aura donc accueilli 250 000 visiteurs bruxellois , “un bruxellois sur cinq” affirme Yves Goldstein, cheville ouvrière du projet, même s’il est probable que certains bruxellois soient venus à plusieurs reprises. On notera que le musée a séduit un public de jeunes adultes (30% des visiteurs ont entre 20 et 29 d’après une étude réalisée par l’Université de la Sorbonne), majoritairement féminin (57% du public). Pour le brassage de population en revanche on repassera. Même si les données collectées sont partielles et à prendre avec beaucoup de précautions, les habitants de la Ville de Bruxelles et de la commune d’Ixelles ont été nombreux à trouver le chemin du musée… ceux de Molenbeek-Saint-Jean ne représenteraient que 8%  du public bruxellois. Bref, il reste du chemin à parcourir en terme de mixité culturelle, à Kanal comme ailleurs. Parmi les visiteurs étrangers les Français sont de loin les plus nombreux (80%), sans doute un effet de la marque “Pompidou”.

Pour l’avenir, le musée restera en partie ouvert pendant les travaux (l’opération sera baptisée “Showroom 2020” et s’articulera autour d’un artiste dont le nom sera dévoilé en septembre), en attendant une ouverture définitive en 2023. D’ici là le financement du projet est assuré : 210 millions au total, dont 45 millions apportés par la Région Bruxelloise (sous la formation d’une dotation annuelle qui montera à 11 millions à partir de l’ouverture en 2024). Ce qui était prévu dans le contrat programme devrait être confirmé dans l’accord de gouvernement en cours de négociation. Mieux, d’après nos informations, le texte actuellement sur la table soulignera le rôle moteur de Kanal pour le développement d’un pôle culturel bruxellois, et il encourage l’amplification des collaborations entre les différentes institutions culturelles. Avec une traduction très concrète : la Région Bruxellois prendrait en charge l’installation d’une signalétique qui permettra de guider les amateurs d’un musée à l’autre.

Question subsidiaire : verra-t-on un jour des œuvres appartenant à l’Etat Fédéral dans ce musée Bruxellois ?  Réponse pleine d’espoir (naïf ?) d’Yves Goldstein : “ce lieu a totale vocation a accueillir totalement ou partiellement les collections fédérales… en politique en Belgique entre 2019 et 2023 il peut se passer énormément de choses, mais la porte est toujours grande  ouverte aux chefs-d’œuvre d’art moderne ou contemporain qui actuellement sont dans des caves de la rue de la régence plutôt que d’être exposés”.