Rue de la Loi : Didier Gosuin peut-il changer d’avis ?

Didier Gosuin mangera-t-il sa parole ? En juillet, l’homme était encore catégorique. Le maïorat d’Auderghem serait son dernier mandat, il avait fait le geste de ne pas se présenter aux élections du mois de mai pour passer le relais, il voulait changer de vie et surtout réfléchir à une autre manière de faire de la politique. Actif au sein du réseau « E-change » (ou l’on croise quelques écolos, comme Jean-Michel Javaux, beaucoup de CDH ou apparentés comme Edouardo Traversa ou Melchior Wattelet, et des personnalités de la société civile), il envisageait aussi de développer son propre “think-thank” (baptisé D21) avec l’objectif d’alimenter le débat en dehors des structures traditionnelles  : « j’ai fait beaucoup de politique active, je veux maintenant réfléchir à long terme. Je ne crois pas que les partis politiques soient capables de répondre aux menaces qui gangrènent notre démocratie et notre système socio-économique »  assénait-il lors de son dernier passage sur BX1.

Ce qui était dit en juillet sera-t-il encore d’actualité en septembre ? Pas certain. Au sein de Défi, ils sont désormais nombreux à estimer, comme la Libre Belgique l’explique, que Didier Gosuin ne peut pas rester au balcon ou partir en retraite anticipée et que prendre le relais d’Olivier Maingain à la présidence du parti serait bienvenu.

Certes, l’Etat-major de Défi aurait préféré mettre en place un saut de génération et installer un nouveau visage. Mais l’instabilité politique fédérale et l’absence de consensus autour d’un autre candidat rendent l’exercice plus délicat, surtout depuis que Bernard Clerfayt a pris le portefeuille de Ministre de l’emploi et des pouvoirs locaux au sein du gouvernement bruxellois. Même les challengers potentiels le reconnaissent : si Didier Gosuin se présente, il n’y aura pas photo. Son expérience, sa vision, sa popularité au sein des militants en font un candidat idéal, difficile à battre.

Sur Bel RTL, François De Smet, nouveau député fédéral et régulièrement cité pour succéder à Olivier Maingain se montrait assez soutenant, reconnaissant qu’il était flatté qu’on pense à lui mais qu’il se trouvait un peu trop récemment arrivé pour prendre le job : « Si Didier Gosuin décide de faire ce pas, une très large majorité du parti se rangera derrière lui. L’avenir du parti m’intéresse mais je ne mets pas en avant ».

Le son de cloche n’est pas très différent chez Emmanuel De Bock. Le député bruxellois, qui s’était autrefois présenté contre Olivier Maingain par souci de stimuler le débat interne indiquait à demi-mot qu’il ne le ferait sans doute pas contre Didier Gosuin : « J’ai envie d’un projet wallon et bruxellois. Si quelqu’un l’incarne mieux que moi, je travaillerai avec cette personne, il faut un projet collectif ». Chef de groupe au Parlement bruxellois, Emmanuel De Bock se verrait bien président de la régionale bruxelloise mais « n’exclut pas de se présenter à la présidence du parti s’il n’y a personne ».

Enfin, discours semblable chez Sophie Rohonyi, dont le nom est également cité et qui reconnait avoir été sollicité par des militants, entre autre parce qu’élire une femme, jeune de surcroit, aurait été un bon signal : “Didier Gosuin est le candidat idéal. Il a la carrure et l’expérience. A travers son travail de bourgmestre et de ministre, il a su traduire la doctrine de DéFI en politiques efficaces, il nous permettrait  d’asseoir notre légitimité en Wallonie, en particulier en termes de gestion publique et de bonne gouvernance”. La jeune députée ne cache d’ailleurs pas qu’elle pense manquer encore un peu d’expérience pour exercer un mandat aussi prenant que la présidence et qu’elle préférerait se consacrer à 100% à son travail parlementaire.

Qu’en pense l’intéressé lui-même ? « J’ai repris le collier à Auderghem après plus de 5 ans d’absence et ne me distrais pas de cette tâche dans l’immédiat » répond laconique Didier Gosuin par sms. Traduction : l’enjeu communal est prioritaire à ce stade. N’attendez donc pas de Didier Gosuin qu’il se positionne sur la présidence du parti alors que toute son énergie est investie sur le terrain local. A ce stade, la réponse semblerait même plutôt négative, la perspective de prendre la présidence étant trop en décalage avec ce qui avait été annoncé. Plusieurs membres du parti le regrettent, et reconnaissent que l’opération du moment consiste donc à faire pression sur le non-candidat pour le faire changer d’avis. Un cadre du mouvement restait ce vendredi dubitatif : “Didier n’est pas le genre d’homme sur qui l’on peut faire pression”. La porte est-elle définitivement fermée pour autant ? Pas sûr. Didier Gosuin n’a pas caché que son objectif était de passer le relais maïoral  à sa première échevine Sophie de Vos (en charge des espaces publics, de la culture et de la mobilité) en cours de mandat . La réponse du bourgmestre, si elle est négative aujourd’hui, pourrait évoluer dans le temps s’il estime que sa dauphine est suffisamment prête.  Ça tombe bien, l’élection n’est pas prévue avant décembre.