Réforme du décret paysage: “On fait de fausses promesses aux étudiants et cela ne résoudra pas les problèmes”
La réforme du décret paysage est un “mauvais décret, qui donne de fausses promesses aux étudiants et étudiantes, et il ne va pas résoudre les problèmes pour lequel on avait différents instruments à notre disposition avec le décret actuel”, affirme Françoise Smets, élue jeudi rectrice de l’UCLouvain, au micro de Fabrice Grosfilley ce lundi matin.
Après une soirée et une nuit de débats au ton souvent acerbe, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a définitivement approuvé vendredi plusieurs adaptations au décret Paysage afin de préserver la finançabilité d’une série d’étudiants lors de la prochaine année académique. “A titre personnel, comme enseignante et comme doyenne présidente de jury en son temps, pour moi, c’est vraiment de fausses promesses qu’on fait aux étudiants, aux étudiantes,” dit la nouvelle rectrice élue, “en plus de négliger tout le travail qui a été fait depuis deux ans pour justement les encadrer et les accompagner au mieux dans leur progression pédagogique.”
“On avait plusieurs moyens de pouvoir repêcher des étudiants qui étaient dans une trajectoire de réussite. C’est ce qu’on a toujours fait. C’est ce qu’on aurait certainement fait. Et si, au terme de la session de septembre, on voyait qu’une certaine catégorie n’était pas couverte, il y aurait encore eu moyen d’en discuter à ce moment là. Ici, on change tout le contrat à la veille des examens. Pour les étudiants, c’est un très mauvais message. Je pense qu’il y a eu un peu de précipitation. Pour moi, le problème majeur qui était lié au premier décret, c’est que trop d’étudiants restaient longtemps dans les études sans finalement obtenir leur diplôme.”
Portés par le PS et Ecolo, ces changements temporaires ont été adoptés avec l’appui du groupe PTB lors de la dernière séance plénière de la législature. Les députés MR et Engagés ont, eux, voté contre. Les modifications validées visent à sauvegarder la finançabilité des étudiants qui ont entamé leurs études avant la réforme du décret Paysage en 2022. Le dispositif offre aussi aux étudiants de bac1 qui ont acquis au moins 45 crédits la possibilité de se réinscrire une 3e fois pour terminer leur première de cursus. Les étudiants qui se réorientent disposeront, eux, de deux années plutôt qu’une seule pour réussir leur première année de bachelier. Enfin, le critère de la réussite d’un programme annuel d’études (PAE) de 45 crédits minimum est également abandonné.
“Comme toujours, on va se démener pour le bien de nos étudiants”, déclare encore Françoise Smets, “les examens en eux-mêmes vont être organisés comme prévu. Les délibérations du jury s’adapteront aux nouvelles règles, comme on l’a toujours fait, et toujours avec la plus grande motivation de soutenir nos étudiants. Il y aura surtout des difficultés quand on devra discuter avec les étudiants et étudiantes de ce qu’ils feront l’année prochaine. Les conseillers et conseillères aux études auront un rôle très important, après avoir beaucoup travailler autour des anciennes règles, il va falloir se réadapter. Donc oui, ça va être une surcharge de travail. Mais notre motivation reste avant tout l’encadrement des étudiants.”
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L’UCLouvain, c’est aussi Bruxelles
“Sur 40.000 étudiants, il y a environ 13.000 étudiants sur Bruxelles, c’est tout à fait significatif”, précise Françoise Smets, actuelle doyenne de la faculté de médecine. “Pour moi, venant de la médecine, l’UCLouvain, ça a toujours été Bruxelles. Et c’est vrai que ces dernières années, avec l’arrivée des architectes à Saint-Gilles, et puis la récente arrivée de Saint-Louis, on a maintenant les trois secteurs de l’université présents sur Bruxelles et on a une vraie possibilité de proposer à la fois des programmes enthousiasmants et une recherche de pointe, en mélangeant justement toutes nos expertises.”
Le bien-être et l’épanouissement des étudiants et du personnel feront partie des priorités de Françoise Smets, élue jeudi rectrice de l’UCLouvain. La première rectrice de l’histoire de l’université a assuré, lors d’une conférence de presse, qu’elle prendra en compte le score serré qui l’a vue remporter le deuxième tour de l’élection rectorale avec 50,4% des voix face la professeure Geneviève Schamps. L’actuelle doyenne de la faculté de médecine de l’UCLouvain prendra ses fonctions à partir du 1er septembre, pour un mandat de cinq ans. Une gouvernance plus participative et la responsabilité sociétale de l’Université face aux enjeux de transition figureront également parmi ses priorités.
Françoise Smets a été élue au terme d’un “suffrage universel pondéré” qui a vu plus de 8.000 personnes se prononcer, mais deux catégories de votants au sein de la communauté universitaire n’ont pas atteint le quota théorique fixé par le règlement: 88,86% du personnel académique a voté alors que le seuil est de 90%, et seulement 13,38% des étudiants ont voté, alors que le quota est de 15%. Formée à l’UCLouvain, la nouvelle rectrice a confié que son attachement et sa reconnaissance envers l’Université l’avait motivée à présenter sa candidature, tout comme le constat de conditions de plus en plus difficiles sur le terrain, tant pour les étudiants sous pression que pour ceux qui les encadrent et travaillent dans un contexte de financement à enveloppe fermée.
Doyenne de la faculté de médecine et de médecine dentaire, Françoise Smets avait pris part aux discussions qui ont permis des avancées dans le dossier des numéros Inami. Ce qui lui donne confiance sur la possibilité de trouver des solutions à d’autres problèmes actuels, notamment la nécessité “de prendre mieux soin de ceux qui vivent au sein de l’UCLouvain“.