Procès Encro : le policier qui a divulgué des informations à des délinquants avait “perdu ses repères”

Tribunal de police Belga Laurie Dieffembacq

Le policier de la zone Bruxelles-Midi poursuivi au procès Encro pour avoir violé le secret professionnel en transmettant des informations contenues dans les bases de données de la police “n’est pas un traître”, a défendu son avocat mardi devant le tribunal correctionnel de Bruxelles.

Dans une longue plaidoirie, son avocat a relaté la “perte de repères” qui a entraîné “la chute” de son client. Selon le pénaliste, 2016 constitue une date charnière pour le prévenu. Le quinquagénaire perd tour à tour sa mère, qui a élevé seule ce fils unique, son épouse, qui se met en ménage avec un de ses collègues policiers, puis son travail. Confronté à un problème de santé, il est en effet mis à la pension temporaire. “Son monde s’écroule. Ce n’est pas un hasard si la période infractionnelle commence en 2016”, a relevé l’avocat.

Le policier tombe alors dans la dépression et le surendettement, ainsi que sous l’influence de personnes qui profitent de sa vulnérabilité, a avancé son conseil. Une dépendance émotionnelle et financière se noue vis-à-vis de ces contacts dont les agissements se révèlent douteux, a-t-il poursuivi. Le prévenu effectue “d’initiative” des recherches pour ces personnes dans les bases de données policières, ou parce qu’on le lui a demandé mais sans en tirer de bénéfice, a insisté la défense.

Cette dernière a donc demandé que le policier soit acquitté concernant la corruption passive aggravée. “Dans l’esprit de mon client, il n’a jamais été question de rémunération, mais de rendre service dans ce contexte de dépendance.” L’avocat a également contesté la participation du policier, en tant que membre, à une organisation criminelle. Le Bruxellois a certes violé le secret professionnel, “mais sans se douter qu’il rendait service à quelqu’un lié au dossier Sky” ECC, du nom de la messagerie cryptée décodée en 2021 par la police. Face au réquisitoire du parquet fédéral, qui a sollicité 8 ans d’emprisonnement, la défense a demandé au tribunal de ne pas prononcer de peine de prison ferme. “Dans 8 ans, il sortira à l’âge de la pension, sans travail et peut-être sans sa fille”, atteinte d’une maladie grave. Tandis qu’en le condamnant à une amende, “il paiera, sera utile à la société et présent pour sa fille”.

Belga