Procès des attentats de Bruxelles : pour le parquet, Abdeslam et Ayari ont porté une aide essentielle à la cellule terroriste
Salah Abdeslam et Sofien Ayari doivent tous deux être considérés, eux aussi, comme co-auteurs des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, et donc d’assassinats terroristes et de tentatives d’assassinats terroristes. C’est ce qu’ont exposé jeudi les procureurs fédéraux devant la cour d’assises chargée de juger ces attaques. Ils auraient apporté une aide essentielle à la commission des attaques.
Le ministère public a poursuivi jeudi son réquisitoire, entamé mardi, à l’encontre des dix accusés dans ce procès. Un parmi eux, Oussama Atar, fait défaut et deux, Mohamed Abrini et Osama Krayem, n’ont pas assisté aux explications des procureurs fédéraux, ayant souhaité retourner en cellule.
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Le cas Adeslam
Durant la matinée, la procureure Paule Somers s’est d’abord intéressée au cas de Salah Abdeslam. Comme attendu, elle a demandé à ce que l’accusé français soit condamné en tant que co-auteur d’assassinats terroristes et de tentatives d’assassinats terroristes lors des attentats à Bruxelles. Depuis le début du procès, la défense de Salah Abdeslam n’a pourtant de cesse de répéter que ce dernier n’a rien à voir avec ces attaques puisqu’il se trouvait déjà derrière les barreaux au moment des faits.
Il avait en effet été arrêté en compagnie de Sofien Ayari à Molenbeek-Saint-Jean le 18 mars, trois jours après une fusillade avec la police survenue rue du Dries à Forest. Pour le ministère public, au lendemain des attaques à Paris du 13 novembre 2015, l’accusé français a cependant sciemment rejoint la cellule terroriste à l’origine des attentats à Bruxelles, dont il a voulu s’associer au projet “pour aller jusqu’au bout”.
Son engagement le poussera ainsi à rester avec les terroristes dans les différentes planques qu’ils possèdent jusqu’à son arrestation, a pointé Paule Somers. Salah Abdeslam a alors décidé “en connaissance de cause” de participer à “n’importe quelle attaque” de la cellule terroriste dont il faisait partie. L’hypothèse de l’ignorance semble peu probable aux yeux de la procureure fédérale.
Le Français a, de plus, fourni une “aide essentielle” à la préparation des attaques, a-t-elle martelé. C’est lui qui est allé chercher quatre protagonistes clé du dossier en Autriche et en Hongrie et les a ramenés à Bruxelles. “C’est un élément de participation essentielle aux assassinats et tentatives d’assassinats terroristes. Sans cette aide, les attentats de Bruxelles n’auraient pas pu avoir lieu“, a insisté la représentante du ministère public.
À son arrestation, quatre jours avant les explosions à Zaventem et Maelbeek, il n’a, enfin, rien dit qui aurait pu compromettre le projet et sauver les victimes.
Le cas Ayari
L’après-midi, le procureur Bernard Michel s’est attardé, durant 45 minutes, sur le rôle de Sofien Ayari dans les attentats. Il a repris peu ou prou les arguments de sa collègue. En décidant de rester en Belgique, en résidant dans les planques, en réalisant des achats pour le compte de la cellule terroriste, en nettoyant des armes, l’accusé tunisien a bel et bien participé aux activités d’un groupe terroriste, a-t-il soutenu.
Le ministère public a, dans la foulée, requis sa culpabilité en tant que co-auteur d’assassinats terroristes et de tentatives d’assassinats terroristes. Pour le parquet, Sofien Ayari a en effet bien participé aux attentats du 22 mars. On peut en être co-auteur sans être physiquement sur place, a insisté Bernard Michel.
Le 18 mars, lors de son arrestation, il a ainsi gardé le silence, empêchant les enquêteurs d’identifier les autres membres du groupe, alors qu’il savait que ses “frères” étaient en train de fabriquer des explosifs. Il a, de la sorte, rendu la commission des attaques possibles. “Ce silence, cette abstention, cela s’apparente à un acte positif“, selon le représentant du ministère public. Et le 15 mars, lorsqu’est donc survenue la fusillade dans la planque forestoise, les bombes ayant servi une semaine plus tard étaient déjà en cours de préparation. “C’est aussi pour Sofien Ayari et Salah Absdelam que ce TATP (charge explosive, NDLR) était fabriqué. L’usine tournait déjà à plein régime“, a illustré le procureur.
Sofien Ayari avait le choix entre se rendre à la police alors que le projet n’avait pas encore été réalisé, ou répondre des attentats du 22 mars, a résumé le procureur fédéral. Le Tunisien a choisi la seconde option.
Plus tôt dans la semaine, mardi et mercredi, le ministère public avait déjà demandé d’également reconnaitre comme co-auteurs des attaques Oussama Atar, Mohamed Abrini, Osama Krayem et Ali El Haddad Asufi. Le réquisitoire se poursuivra au début de la semaine prochaine avec les cas des accusés restants: Bilal El Makhoukhi, Hervé Bayingana Muhirwa et les frères Smail et Ibrahim Farisi. Ce sera ensuite au tour des parties civiles de plaider durant cinq jours.
Belga – Photo : Belga