Procès des attentats de Bruxelles : les enquêteurs répondent aux questions des procureurs fédéraux
Ce lundi, au procès des attentats de Bruxelles et Zaventem, les procureurs fédéraux adressent une liste de questions aux enquêteurs, qui étaient venus témoigner devant la cour d’assises depuis fin décembre.
Lors du premier jour de cette 10e semaine de procès, le procureur fédéral Bernard Michel s’est intéressé, dans un premier temps, au cas de Sofien Ayari. Il est soupçonné de radicalisation, au moment de quitter son pays natal, la Tunisie, pour la Syrie en décembre 2014. La juge d’instruction Berta Bernardo-Mendez a expliqué qu’il aurait reçu une autorisation pour passer la frontière. Le père de l’accusé serait à l’époque intervenu en sa faveur auprès des autorités pour lui permettre de sortir du pays. De son côté, Sofien Ayari invoquait des raisons professionnelles pour son départ.
Mohamed Abrini et plus particulièrement son voyage en Syrie à l’été 2015, était l’objet des questions suivantes. L’accusé déclare qu’il s’était rendu sur place pour se rendre sur la tombe de son frère cadet, décédé quelques mois plus tôt en Syrie. “Parle-t-il de son projet de voyage à sa famille avant de partir?“, a demandé Bernard Michel. “Aurait-il ramené un souvenir, une photo (de la tombe, NDLR)? C’est quand même pour cela qu’il y était allé.“, “En parle-t-il à sa famille au retour?“. À toutes ces questions, les responsables de l’enquête répondent non.
Reste un SMS envoyé par l’ex-petite amie de Mohamed Abrini à une de ses amies, racontant que “Mo et son frère veulent partir là-bas ou il y avait son frère. Ils sont déterminés, ils se préparent à y aller“. Lors des attentats de Paris, l’an dernier, la cour d’assises française n’avait pas été convaincue par les raisons invoquées par l’accusé pour se rendre en Syrie, a souligné Bernard Michel.
Une sœur de Mohamed Abrini a déclaré aux enquêteurs ne pas avoir été mise au courant du départ de son frère. Elle a ajouté que les personnes qui s’y rendaient à l’époque ne prévenaient généralement pas. Abrini lui a raconté le déroulement du voyage par la suite, lorsqu’elle lui avait rendu visite en prison.
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12h55 – Ali El Haddad Asufi aurait servi plusieurs fois de chauffeur à Ibrahim El Bakraoui
L’accusé Ali El Haddad Asufi a, semble-t-il, véhiculé à plusieurs reprises Ibrahim El Bakraoui, l’un des kamikazes de l’aéroport de Zaventem, entre la fin décembre 2015 et la fin janvier 2016. C’est ce qu’ont expliqué les enquêteurs et juges d’instruction lundi.
Peut-on objectiver, sur base de la téléphonie et des images de vidéosurveillance de l’entrée du bâtiment de l’avenue des Casernes à Etterbeek, que l’accusé a pu servir de chauffeur à Ibrahim El Bakraoui ?, a demandé Bernard Michel. Ce logement bruxellois est l’un des appartements “conspiratifs” de la cellule terroriste et Ibrahim El Bakraoui y a passé plusieurs semaines.
Au moins à quatre reprises (le 30 décembre 2015, et les 11, 22 et 27 janvier 2016), il apparaît que le futur kamikaze a quitté cet appartement ou y est revenu et que très peu de temps avant ou après, le téléphone d’Ali El Haddad Asufi bornait à proximité. Cela peut indiquer que l’accusé avait emmené ou ramené Ibrahim El Bakraoui à l’avenue des Casernes, selon les enquêteurs.
Le 22 janvier, Ali El Haddad Asufi aurait ainsi véhiculé le terroriste aux petites heures du matin, quelques heures après que ce dernier eut signé le contrat de bail de location pour l’autre appartement “conspiratif”, celui de l’avenue Max Roos à Schaerbeek. Entre le 13 novembre 2015 et le 29 février 2016, l’accusé a par ailleurs passé un total de 15h57 dans l’appartement de l’avenue des Casernes, est-il ressorti d’une autre question des procureurs fédéraux.
Dans ses interrogations aux enquêteurs et juges d’instruction, le ministère public s’est en outre intéressé à des armes qu’aurait pu récupérer Ali El Haddad Asufi pour la cellule terroriste. Dans l’enquête sur les attentats de Paris, des données téléphoniques avaient révélé que l’accusé parlait via WhatsApp à son cousin aux Pays-Bas dans ce qui semblait être un langage codé. Il était question de cinq “Clios” et d’une adresse à Rotterdam, qu’Ali El Haddad Asufi a également visitée, selon son GPS. Pour les enquêteurs, ces Clios correspondent à des armes et non à des voitures, l’accusé disant lui qu’il s’agissait de cannabis. Dans son arrêt, la cour d’assises de Paris a également estimé qu’il s’agissait probablement d’armes et non de stupéfiants.
Les juges d’instruction et enquêteurs ont cependant concédé qu’aucun élément ne démontrait l’achat effectif d’armes par Ali El Haddad Asufi.
Belga – Photo : Belga Image/Dirk Waem