Procès de la rue du Dries: Abdeslam et Ayari condamnés à 20 ans de prison pour tentative d’assassinat à caractère terroriste

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné à vingt ans de prison les prévenus Salah Abdeslam et Sofien Ayari pour tentative d’assassinat à caractère terroriste sur des policiers. “Une fusillade entre terroristes et forces de l’ordre dans un quartier paisible est de nature à terroriser une population”, a déclaré le tribunal.

Aucune circonstance atténuante n’a été retenue pour ces deux hommes qui ont montré, selon le tribunal, “un mépris complet de la vie d’autrui”. Ils sont condamnés à la peine maximale requise par le ministère public.

Ils ont aussi été chacun condamnés à une amende de 12.000 euros et à une déchéance de leurs droits pour une durée de dix ans. Les montants qu’ils ont été condamnés à verser aux policiers blessés qui se sont constitués parties civiles dépassent les 375.000 euros. L’État belge a, lui, obtenu 142.000 euros.

Salah Abdeslam et Sofien Ayari étaient prévenus pour tentative d’assassinat sur des policiers commis dans un contexte terroriste, et de possession illégale d’armes, alors qu’ils étaient retranchés dans un appartement rue du Dries à Forest le 15 mars 2016.

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La thèse de la défense, qui avançait que seul Mohamed Belkaïd, la troisième personne présente dans cet appartement, avait tiré et que les deux prévenus ne pouvaient donc pas être considérés comme les auteurs de tentatives d’assassinats, a été balayée par le tribunal.

Les trois hommes, qui se savaient traqués par les forces de l’ordre, avaient au préalable établi un plan en cas d’intervention, ce qui caractérise la préméditation. Celle-ci est aussi établie par le temps qui s’est écoulé entre l’entrée dans l’immeuble des agents et le début de la fusillade. Les policiers se sont annoncés à plusieurs reprises. Entre-temps, les trois suspects se sont préparés, notamment en chargeant leurs armes. Ils se sont associés, ont coopéré sciemment, ont favorisé les faits et ne se sont pas rendus. Abdeslam et Ayari ont également pris la fuite, a ajouté le tribunal, qui évoque une “résolution criminelle froidement réfléchie”.

En outre, les éléments du dossier établissent qu’au moins deux suspects ont fait feu sur les policiers. Et même si Abdeslam et Ayari n’étaient plus présents dans l’appartement de la rue du Dries au moment du second échange de tirs, le tribunal les a jugés également responsables de celui-ci puisqu’ils en ont été solidaires et y ont apporté consciemment une aide préalable.

Le tribunal rejette la nullité des procédures

Avant la lecture du jugement, le tribunal correctionnel de Bruxelles avait estimé recevables les poursuites au sujet de la fusillade de la rue du Dries, le 15 mars 2016, contrairement à ce que soutenait Me Sven Mary. La “faute de procédure linguistique” n’a pas été retenue.

L’avocat de Salah Abdeslam avait plaidé l’irrecevabilité des poursuites pour violation de l’article 12 de la loi sur l’emploi des langues en matière judiciaire.

En revanche, la constitution en partie civile de l’association de victimes d’attentats V-Europe est considérée comme irrecevable par le tribunal correctionnel de Bruxelles. (avec Belga, photo Belga/Igor Preys)

■ Reportage de Camille Tang Quynh et Camille Dequeker.