Samantha, transgenre, a été victime de harcèlement téléphonique: l’auteur présumé risque la prison ferme

Devant le tribunal de première instance, s’est ouvert, ce matin, un procès pour harcèlement. Samantha, transgenre, en a été victime par téléphone. Elle a reçu des messages à caractère homophobes. L’audience s’est tenue en l’absence du harceleur présumé, qui risque la prison ferme.

Elle l’attendait de pied ferme, cette audience. En 2021, Samantha Warginaire est harcelée par téléphone. A 14 reprises, le suspect, qui avait trouvé son numéro sur Internet, lui laisse des messages insultants. “Ah, toi tu es un petit professionnel. Tu prends dans ton anus. Ah oui. Un petit homosexuel. Une petite tapette“, peut-on entendre l’individu dire, en riant.

 Dans le viseur, circonstance aggravante : le fait que Samantha soit une femme transgenre. “J’avais énormément de propos homophobes, via des petites chansonnettes ou via des propos très agressifs. Ça pouvait durer plusieurs minutes sur les enregistrements“, se souvient-elle.

 Les appels sont masqués, sauf deux. Le numéro est donc retracé. Samantha porte plainte, rejointe en partie civile par l’Unia et l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes.

Deux ans et demi après les faits, les voilà portés devant la justice. Ce qui reste rare, pour du harcèlement, comme l’explique Martin Fortez, juriste chez Unia: “Pour pouvoir constituer un dossier, il faut évidemment des preuves, pouvoir identifier les auteurs. Dans le cas du harcèlement, c’est pas toujours simple.

20 mois d’emprisonnement requis

A l’audience, le suspect, un homme d’une cinquantaine d’années, n’est ni présent, ni représenté par un avocat. Les dommages requis à son encontre se portent à près de 10.000 euros. La procureure réclame, elle, une peine de prison. “Aujourd’hui, la procureure a requis une peine de 20 mois d’emprisonnement. Elle a indiqué que si Monsieur avait été présent, elle envisageait d’autres possibilités, notamment en termes thérapeutiques, en termes de gestion de la violence et des émotions. Compte tenu du défaut, c’est une peine de 20 mois fermes qui ont été requis par le parquet“, rapporte Clémentine Samri, l’avocate de Samantha Warginaire.

A la sortie de l’audience, c’est le soulagement qui prime chez celle, qui est aussi candidate pour DéFi aux prochaines élections régionales. “J’espère déjà qu’il sera condamné. Après, si jamais il y avait une condamnation avec un dédommagement, ce serait utile. Il servira à des actions de type sociales qui permettent de faire connaître la transidentité au plus grand public” réagit Samantha Warginaire. 

Reste désormais pour la juge à statuer sur cette affaire. Elle rendra sa décision le 13 mai prochain.

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■ Reportage d’Arnaud Bruckner et Daniel Magnette