Présidence, Europe et avortement, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la désignation de la nouvelle présidente du Parlement européen.

Roberta Metsola.

C’est le nom de la nouvelle présidente du Parlement européen. Puisque BX1 est la télévision de Bruxelles et que Bruxelles est la capitale de l’union, ça vaut le coup d’y consacrer 3 minutes. 

Certes, le président ou la présidente du Parlement européen n’est pas le dirigeant le plus en vue de l’Union européenne. La présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, le Président du conseil, Charles Michel ont nettement plus de pouvoir. Mais c’est malgré tout plus qu’une fonction symbolique. Présider le Parlement vous confère une autorité morale, avec un rôle de représentation bien sûr. Mais surtout un vrai pouvoir sur l’organisation des travaux parlementaires. Distribuer la parole, peser sur l’ordre du jour, pouvoir sanctionner un député qui enfreint les règles ce n’est pas anodin.

Roberta Metsola est la troisième femme à accéder à ce poste, après Simone Veil et Nicole Fontaine. Elle accède à la présidence dans des circonstances particulières puisque c’est le décès de David Sassoli qui a contraint les députés à se doter d’une nouvelle présidence. En vertu d’un accord entre les familles socialistes, libérales et sociales chrétiennes, il était convenu que le poste devait aller à un membre du PPE, le Parti Populaire européen, ce grand groupe conservateur qui accueille le CDH et le CD&V en Belgique, les Républicains en France ou Forza Italia en Italie. Les socialistes et les libéraux ont donc, en vertu de cet accord, voté pour elle.

Pourtant, cette désignation a fait grincer quelques dents aujourd’hui. Roberta Metsola est une élue de l’île de Malte. Elle ne cache pas ses convictions chrétiennes. Elle fait régulièrement le signe de croix en public et surtout, elle est contre le droit à l’avortement.Je suis gêné par le symbole de cette désignation” a commenté le Secrétaire d’État français aux affaires européennes. 

Alors c’est vrai, il y a un certain étonnement à voir une présidente anti-avortement prendre un fauteuil qui a été autrefois occupé par Simone Veil. Quand je dis avec étonnement, c’est une belle litote. On peut en retenir deux choses. La première, c’est qu’en 40 ans la défense de certains droits reste un combat. La seconde, c’est que ce qui peut nous sembler évident vu de Belgique, de France, des Pays-Bas, ne l’est pas forcément pour les 26 États membres.

■ Un édito de Fabrice Grosfilley