Précarité alimentaire : un enfant sur cinq ne mange pas le matin

Un enfant sur 5 arrive à l’école sans avoir déjeuné, selon une enquête relayée par la DH. Face aux crises successives, la précarité alimentaire touche de plein fouet les ménages, à commencer par les enfants.

La crise covid, la crise de l’énergie, et finalement l’inflation. Les dépenses alimentaires sont passé de 14% en 2016 à 25% en 2023. Les tranches de la population déjà précarisées le deviennent encore plus.  Résultat, dans plusieurs écoles, le corps enseignant et la direction remarque qu’un enfant sur 5 se voit priver de nourriture le matin en Belgique. Une problématique qui concerne des jeunes de tous les profils et de tous les âges.

Une étude menée en Europe entre le 12 janvier et 1er février, avec un focus sur l’institut Don Bosco à Woluwe-Saint-Pierre notamment, rapporte qu’une famille sur quatre éprouve des difficultés à nourrir ses enfants.  C’est une hausse de 10%, par rapport l’enquête précédente menée en 2016.

27 % des répondants admettent réaliser des sacrifices, comme le fait de sauter des repas. Selon l’enquête, trois enseignants sur quatre voient même des enfants être affamés à l’école au moins une fois par semaine.

Une situation critique à tel point que 40% des enseignants interrogés déclarent apporter de la nourriture sur fond propre pour nourrir certains de leurs élèves.

Les perspectives ne sont pas meilleures. Plus de la moitié des familles sollicitées disent être confrontés à des choix difficiles dans leurs dépenses. Elles ne savent pas si elles pourront encore nourrir correctement leur famille à l’avenir.

Face à cette précarité alimentaire grandissante, davantage de personnes se mettent à la recherche d’offres plus avantageuses sur les produits d’épicerie courants ou sollicitent l’aide d’organismes tels que les banques alimentaires ou les clubs de petit déjeuner, qui constituent un moyen de gérer l’augmentation du coût de la nourriture et de l’alimentation de leur famille. Même si plus de la moitié des personnes interrogées déclarent éprouver un sentiment de honte lorsqu’on les voit avoir recours à des services tels que les banques alimentaires.

À l’Institut Don Bosco à Woluwe-Saint-Pierre, des petits déjeuners sont régulièrement distribués gratuitement aux 480 élèves, notamment grâce à du sponsoring. Une manière de combler un manque, mais aussi de créer du lien social.

Merlin Gevers, chargé d’étude à la Ligue des Familles, explique que le gouvernement de la Fédération Wallonie -Bruxelles a mis en place une déclaration de politique communautaire sur les questions du coût de l’alimentation à l’école en 2019. “Première chose, c’est l’engagement d’un potage gratuit généralisé pour tous les enfants dès 10h. Il y a une volonté d’augmenter les expériences de repas gratuit, ce n’est pour l’instant pas généralisé. Il faut concrétiser ces engagements, il est encore plus important de le faire maintenant, on appelle le gouvernement et la ministre Caroline Désir d’avancer sur ces questions et de garantir que la qualité et le coût de l’alimentation soit accessible à tous les enfants en Fédération Wallonie-Bruxelles.”

■ Une interview de Merlin Gevers, chargé d’études à la Ligue des Familles

Anaïs Corbin