Pénurie de médicaments : l’Absym et Santhea dénoncent les déclarations de Maggie De Block
L’ABSyM, l’Association belge des Syndicats Médicaux, et santhea, fédération patronale d’institutions de soins de santé, dénoncent les propos de la ministre fédérale de la Santé Maggie De Block (Open VLD), qui affirme qu’il “est dangereux” d’affirmer qu’il y a “une pénurie de médicaments dans les hôpitaux”.
Ce jeudi, sur l’antenne de LN24, la ministre fédérale de la Santé Maggie De Block (Open VLD) a affirmé qu’il n’y avait pas de pénurie de médicaments dans les hôpitaux en cette période de crise sanitaire du coronavirus. De même, l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) affirme dans un communiqué qu’il “n’y a actuellement pas de pénurie de médicaments qui empêche le traitement de patients Covid-19 en Belgique”.
Mais selon l’Association belge des Syndicats Médicaux (ABSyM), il existe bien des problèmes de réapprovisionnement. “Les commandes doivent être effectuées uniquement par courriel mais l’AFMPS ne réagit pas à ces courriels. Cela nous conduit finalement après la deadline des 48h d’approvisionnement et les médecins des unités de soins intensifs sont obligés d’utiliser des médicaments de remplacement non-appropriés pour plonger dans le coma les patients qui doivent être placés sous respirateur. Nous connaissons des hôpitaux qui ont passé leur commande et qui ont été livrés cinq jours plus tard”, pointe-t-elle.
Des médicaments vétérinaires
L’AFMPS rétorque que “les hôpitaux peuvent continuer à commander leurs médicaments auprès de leurs fournisseurs habituels. Leur commande auprès de l’AFMPS vient en complément. Nous avons prévu un système de dépannage urgent avec une adresse de contact et il est faux de dire que nous n’y répondons pas. Nous avons déjà eu près de 200 demandes et elles ont toutes été résolues dans les heures qui ont suivi”, a expliqué l’une des porte-parole de l’agence fédérale à l’agence Belga.
Le Dr Philippe Devos, président de l’ABSyM, s’interroge toutefois dans La Libre de ce vendredi sur les médicaments proposés par l’AFMPS : des médicaments vétérinaires, non testés sur l’homme, seraient ainsi recommandés par l’AFMPS. “Ces produits ne représentent pas de danger car nous savons comment les administrer. Le problème est que ce type de médicament, tout comme les sédatifs chinois ou lituaniens que nous recevons pour le moment, n’a pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en Belgique. Les médecins sont obligés de signer un document déclarant qu’ils prennent l’entière responsabilité quant à l’administration de ces produits. Ce n’est pas admissible”, réagit-il.
“Une petite amélioration”
De même, santhea, la fédération patronale d’institutions de soins de santé en Wallonie et à Bruxelles, s’insurge contre les déclarations assurant qu’il n’y a pas de pénurie de médicaments en Belgique. “Il est exact que ces derniers jours, les hôpitaux constatent une toute petite amélioration en ce sens que le fédéral arrive à se procurer des stocks par-ci par-là à l’étranger, stocks qui sont ensuite redistribués. La clé utilisée jusqu’à présent par l’AFMPS pour distribuer ces médicaments était totalement inadaptée puisque basée pour 75% sur le nombre de lits agréées (avec une surpondération des lits USI), ce qui correspond nullement aux besoins réels. Depuis le début de la crise, santhea réclame que cette clé soit basée sur la charge réelle de patients dans les hôpitaux. L’amélioration constatée consiste en ce qu’avant, ils ne recevaient rien sauf urgence extrême… au royaume des aveugles, le borgne est roi”, réagit la fédération par voie de communiqué.
Santhea dénonce le fait qu’il n’y a pas de transparence sur la distribution de médicaments aux hôpitaux et que ceux-ci ne savent “jamais quand ils recevront les médicaments attendus, quels médicaments ils recevront, ni en quelle quantité“, dénonce la fédération. “Pour faire face aux difficultés d’approvisionnement de médicaments, les experts de l’AFMPS sont en contact permanent avec les pharmacies des hôpitaux et travaillent sans relâche pour trouver des solutions”, rétorque pour sa part l’AFMPS.
Bref, entre les hôpitaux et les autorités fédérales, les discussions semblent plus vives que jamais.
Gr.I. avec Belga – Photo : Belga/Dirk Waem