Des pédiatres lancent une campagne pour dénoncer la réduction des droits de santé des nouveaux-nés

Environ 150 pédiatres se sont rassemblés jeudi matin, à la clinique Saint-Jean et devant le cabinet de la ministre de la Santé publique Maggie De Block, pour lancer la campagne “Donnez-nous un visage”.

Cette campagne dénonce une atteinte par le nouveau financement des hôpitaux, qui entrera en vigueur au 1er janvier, aux droits des nouveaux-nés. Une pétition signée par 1.250 pédiatres, sur les 1.400-1.500 en exercice en Belgique, a été remise au cabinet de la ministre.

A compter de janvier, les interventions relativement simples, telles que la mise en place d’une prothèse de genou ou une appendicectomie, relèveront de ce qui est appelé les “soins à faible variabilité”. Cela signifie que les hôpitaux et les médecins reçoivent un montant forfaitaire fixe pour ces interventions. Les accouchements considérés comme “normaux” sont également concernés par ce système.

Les personnes mobilisées déplorent ici que l’état de santé du nouveau-né ne soit pas pris en considération. “Avec l’introduction de ce financement forfaitaire pour les accouchements, les soins médicaux du nouveau-né seront menacés”, souligne Michel Pletincx, président de l’Association professionnelle belge des pédiatres. “Un bébé en bonne santé peut certes rentrer dans ce cadre de soins à faible variabilité, mais un enfant né prématurément quelques semaines trop tôt doit être réanimé ou perfusé: n’est-ce pas une histoire complètement différente ? Et pourtant les hôpitaux recevront le même montant de ressources pour ces enfants que pour un enfant en bonne santé issu d’un accouchement normal. Il est pour nous fondamental que le gouvernement reconnaisse l’individualité de chaque nouveau-né.”

Les soins néonataux en danger ?

Les pédiatres mobilisés estiment que cette loi nuit aux soins des nouveau-nés, en particulier à ceux qui sont nés prématurément ou qui ont d’autres problèmes de santé. En ne tenant compte que de l’état de santé de la mère, sans aucune indication sur l’état de santé du nouveau-né, le risque est selon eux majeur de voir ces nouveau-nés automatiquement dirigés vers des unités spécialisées en soins intensifs néonataux, alors même qu’ils auraient pu être soignés en néonatalogie classique, ces unités se voyant privées des moyens nécessaires à assurer ces missions.

Une action prochaine en justice n’est pas exclue. La campagne sera visible par le grand public via un site internet dédié, des affiches et des flyers.

Cette campagne est une initiative de l’Académie belge de Pédiatrie, l’organisation regroupant le Groupement belge des Pédiatres de Langue française (GBPF), l’Association professionnelle belge des pédiatres (GBS/VBS), la Vlaamse Vereniging voor Kindergeneeskunde (VVK), et des universités belges. Elle est réalisée en collaboration avec la Vlaamse Vereniging voor Ouders van Couveusekinderen (VVOC), l’Association flamande des parents d’enfants en couveuse.

“Reconnus en tant qu’individus”

La ministre de la Santé publique Maggie De Block estime pour sa part que tous les nouveaux-nés seront bien “reconnus en tant qu’individus”, même si un accouchement “normal” tombera bientôt dans la catégorie des “soins hospitaliers a basse variabilité” en ce qui concerne le financement des hôpitaux.

“Les pédiatres répandent de fausses informations”, estime la ministre. “Les accouchements sont des prises en charge médicales courantes, et dans la plupart des cas, les soins pour la mère et l’enfant sont les mêmes”. (avec Belga)

■ Reportage de Michel Geyer et Nicolas Scheenaerts.