Patrick Claessens sur les prix de l’énergie : “Il y a un risque de pénurie de gaz pour l’hiver 2023-2024”
La Commission Européenne n’a pas encore proposé de solution concrète pour plafonner le prix du gaz.
Alors que les primes sur le gaz et l’électricité promises par le gouvernement fédéral tombent au compte-gouttes pour certains ménages, les promesses de l’Union Européenne de bloquer voire de faire baisser les prix de l’énergie semblent se faire attendre. Patrick Claessens, spécialiste des questions de l’énergie à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), fait ce même constat et confirme que les dernières propositions européennes laissent dubitatifs : “La Commission Européenne a fait fuiter un document montrant l’idée d’un plafonnement dynamique du prix du gaz. Selon ce principe, le plafond va être défini à un certain montant fixe si deux conditions sont remplies : le prix doit être très élevé et il doit être plus élevé que les prix mondiaux. Mais quels montants sont très élevés, cela reste aujourd’hui flou“.
Patrick Claessens confirme toutefois que l’Europe ne devrait pas connaître de problèmes d’approvisionnement, grâce à des accords avec la Norvège, le Qatar, l’Algérie, les États-Unis, pour diversifier au mieux ses sources de gaz. Le professeur de l’ULB estime qu’il y a malgré tout un risque pour l’hiver 2023-2024, en raison de la crise en Ukraine et de la guerre avec la Russie. “Nous estimons qu’il y a un risque de trou de 30 milliards de m³, soit 1,5 fois la consommation annuelle de la Belgique. Ce n’est donc pas rien”, estime-t-il. Après le problème des coûts plus élevés, il risque donc d’y avoir une pénurie de gaz.
Le spécialiste de l’ULB confirme que le fédéral ou la Région doivent mettre en place “un bouclier” pour aider les ménages à faire face à ces hausses de prix de l’énergie. Il indique aussi la nécessité d’aller vers une forme de sobriété : “Toute énergie qui n’est pas consommée n’est pas payée”. Et à moyen terme, “il faut organiser une rénovation du bâti”, conclut-il.
■ Interview de Patrick Claessens, spécialiste énergie à l’Université Libre de Bruxelles, par Fanny Rochez et Vanessa Lhuillier
Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck