Pas de décision en faveur d’une reconnaissance de l’Etat palestinien

Le kern n’a pas avancé mercredi vers une reconnaissance officielle de l’Etat palestinien par la Belgique. Socialistes, écologistes et CD&V souhaitaient une telle annonce symbolique, mais les libéraux ont freiné, estimant le timing inadéquat.

Le conseil des ministres restreint se réunissait alors que la Norvège, l’Irlande et l’Espagne venaient d’annoncer qu’ils s’apprêtent à officiellement reconnaître l’existence d’un Etat palestinien. Les socialistes flamands, dont la ministre Caroline Gennez qui revient d’une visite sur place, souhaitaient que l’on aborde cette question.  La plupart des partis de la Vivaldi avaient annoncé la couleur: les socialistes, les écologistes, et le CD&V, ont laissé entendre qu’ils étaient en faveur d’une annonce dans le sens d’une reconnaissance.

L’Open Vld et le MR n’étaient en revanche pas partants. Il faut privilégier “des mesures qui conduisent immédiatement à une amélioration de la situation sur le terrain”, avait précisé Alexander De Croo lors d’une visite en entreprise mercredi matin. La ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib avait quant à elle déjà précisé sa vision des choses à la Chambre. C’est “dans le sens de l’Histoire” de reconnaître à terme l’Etat palestinien, mais il faut que cette reconnaissance soit davantage que symbolique, avait-elle maintenu.

“La droite bloque”

Autrement dit: ce n’est pas le moment, pour les libéraux.  Dans un communiqué, les ministres socialistes Pierre-Yves Dermagne et Karine Lalieux ont fait part de leur mécontentement, accusant “la droite” de bloquer le processus de reconnaissance. “Cette reconnaissance aurait été un signal puissant et clair de notre pays, qui avait l’occasion de se démarquer sur la scène européenne et internationale comme partenaire de la paix et d’une solution à deux États”, ont-ils souligné. Les socialistes estiment que dans le contexte actuel, une reconnaissance aurait été bien plus que symbolique, permettant de nourrir un “élan” au niveau européen.

“Il est plus que regrettable que la droite bloque toute avancée”, ont-ils ajouté.  Les libéraux présentent les choses différemment. “Nous sommes favorables à la solution à deux Etats”, rappelle la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib dès sa sortie du kern. “Tout le monde a convenu qu’il fallait continuer le travail, saisir ce momentum de la présidence belge du Conseil de l’UE pour continuer à ‘médier’ les différentes positions” (des Etats européens, NDLR), ajoute-t-elle. “Il faut aller plus loin qu’une reconnaissance symbolique. Ce qui est important, c’est de créer les conditions qui doivent ramener la paix, la stabilité, obtenir un cessez le feu, la libération de tous les otages et un accès humanitaire. Et parler du lendemain”, estime la ministre.  “On espère organiser une conférence préparatoire à la paix avec le Haut représentant (de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep) Borrell”, souligne enfin la libérale.

Belga – Photo : Belga