“On ne met pas un enfant à la rue” : l’église du Béguinage ouvre ses portes et lance un signal fort
Vendredi matin, aucune famille n’avait encore trouvé refuge à l’église du Béguinage, à Bruxelles. La première qui devait y être accueillie a finalement obtenu un hébergement à Uccle. “On aimerait que personne ne vienne, mais on n’y croit pas“, confie Geneviève Frère, coordinatrice de House of Compassion, qui a préparé trois tentes dans l’église pour héberger temporairement des familles avec enfants.
Le curé du Béguinage, l’abbé Daniel Alliet, insiste sur la portée symbolique de cette action. “On avait mené le combat pour dire: ‘On n’enferme pas un enfant. Point!’ Aujourd’hui, il faut mener celui pour dire: ‘On ne met pas un enfant à la rue. Point!’ Ce n’est pas un choix, c’est une injustice institutionnelle. Nous ne voulons pas réoccuper l’église, mais lancer un signal fort.“
Cette ouverture est une réaction à la saturation croissante du réseau d’accueil de la capitale. Depuis l’entrée en vigueur cet été de la nouvelle loi fédérale sur l’aide matérielle, de nombreuses familles se retrouvent sans solution. “Normalement, ce n’est pas aux citoyens d’accueillir. Mais Fedasil met désormais des familles à la rue“, poursuit Geneviève Frère. “On ne pouvait pas rester sans rien faire.”
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Le Samusocial avait alerté en août sur la situation. Son directeur général, Sébastien Roy, avait rappelé que “les familles expulsées par Fedasil ne disparaissent pas“. L’organisation avait dû refuser, en une seule journée, l’accueil de 25 familles, soit près de 100 personnes, faute de place. “Chaque refus signifie plus d’enfants à la rue, exposés à de graves dangers“, avait-il averti.
Pour de nombreuses associations, Bruxelles est confrontée à une crise humanitaire durable où l’urgence sociale supplée au silence politique.
L’église du Béguinage est depuis longtemps un point d’ancrage des mobilisations autour des droits des sans-papiers, en accueillant des demandeurs d’asile et en servant de cadre à diverses actions collectives et symboliques.
Belga – Photo : BX1
■ Reportage de Jamila Saidi M’Rabet, Béatrice Broutout et Paul Bourrières





