Mobilité : le projet de taxe kilométrique suscite un tollé de réactions courroucées

Le projet de taxe kilométrique appliquée à tous les véhicules circulant dans la capitale présenté ce matin par le gouvernement bruxellois a suscité un tollé au sein des partis de l’opposition.

Le gouvernement bruxellois s’est mis d’accord jeudi sur une proposition de modèle de taxation automobile à soumettre à une large concertation y compris avec les autres Régions et le Fédéral. L’annonce de ce matin a suscité un torrent de réaction courroucée

“Indigne et idéologique”, fulmine le MR

Ainsi du côté du MR : “Que cherche le gouvernement de gauche bruxellois ? “, s’est interrogé le président des réformateurs Georges-Louis Bouchez sur Twitter. “Détruire un peu plus la région capitale ? Faire fuir les entreprises ? Les classes moyennes et populaires n’ont pas besoin d’impôts ou de taxes en plus mais au contraire d’investissement et d’intelligence ! ” “Ce n’est vraiment pas le moment, on demande un report“, a renchéri Alexia Bertrand, cheffe de groupe des libéraux francophones au Parlement bruxellois, citant l’Union des Classes Moyennes (UCM). “Certains commerces sont déjà à terre à cause de la situation sanitaire, le gouvernement bruxellois va leur donner le coup de grâce avec cette taxe kilométrique. “, ajoute le député et chef de groupe à la Ville de Bruxelles, David Weytsman. Et de demander d'”investir d’abord dans les transports en commun.

Cette taxe est une folie intégrale. Elle est indigne et purement idéologique: on veut frapper la voiture mais sans offrir d’alternatives crédibles, même en termes de parkings de délestage qui sont insuffisants“, a de son côté fulminé le chef de file du MR au parlement wallon, Jean-Paul Wahl. “C’est l’ensemble des Wallons qui seront impactés” alors que la Région “verse déjà 19 millions d’euros chaque année à Bruxelles pour l’aider à gérer cette question du trafic“, a-t-il ajouté en dénonçant lui aussi le moment choisi et l’absence de concertation avec les autres entités. “Cette taxe est inacceptable, tant sur sa forme que sur son montant“, a-t-il encore estimé.

Un gaffe, pour le CDH

Même son de cloche du côté du cdH. “A nouveau, ce gouvernement travaille à l’envers : il communique avant de concerter et braque les navetteurs avant de leur offrir des alternatives crédibles à la voiture“, a déploré le député bruxellois Christophe De Beukelaer dans un communiqué. “Le gouvernement bruxellois trébuche encore sciemment sur un dossier sensible et qui mérite une concertation respectueuse et réfléchie. Cette fois, la gaffe touche tous les citoyens ! ” s’est insurgé son homologue wallon Julien Matagne.

Un projet antisocial, dénonce le PTB

Pour le PTB, “ce seront une nouvelle fois les travailleurs qui paieront la note ! Plutôt que de taxer, les gouvernements de ce pays feraient mieux d’investir dans les alternatives au transport automobile“, a suggéré le député Raoul Hedebouw.

Manque de concertation et d’écoute, pour le CDV

Je regrette profondément que la Région ait choisi de persister obstinément, et ce de façon unilatérale, sans consultation ni dialogue. Ils ne comprennent clairement pas l’ampleur des dommages collatéraux, comme des faillites et des délocalisations, qu’ils peuvent causer de la sorte“, réagit dans un communiqué Bianca Debaets, qui s’insurge : le monde de l’entreprise a expliqué ce matin devant le parlement vouloir le report de la taxation, en raison de la situation sanitaire, dit-elle, “mais aucun membre du gouvernement bruxellois n’était là pour les écouter, ils étaient alors réunis pour préparer leur conférence de presse de ce midi.”

. ”

“Règle embêtante pour les Flamands qui travaillent”, regrette la NVA

Sans surprise, les partis nationalistes flamands ont tiré à boulet rouge. “Une nouvelle règle embêtante de l’arc-en-ciel pour les Flamands qui travaillent“, a tweeté le président de la N-VA Bart De Wever, le bourgmestre d’Anvers ajoutant au passage que sa ville était “ouverte au business“. “Les partis de la majorité bruxelloise sont contre les autres Régions“, a renchéri Cieltje Van Achter, cheffe de file des nationalistes flamands dans la capitale.

De son côté, l’extrême-droite du Vlaams Belang a d’ores et déjà annoncé son intention de réclamer une procédure en conflit d’intérêt. “Vilvorde veut devenir d’une autre manière le nouveau centre économique du pays”, a enfin ironisé le secrétaire d’Etat fédéral CD&V Sammy Mahdi, citoyen de cette commune frontalière de la région-capitale.

 

Prélèvement intelligent plutôt que taxe kilométrique, demandent les organisations patronales

Les organisations patronales des trois régions, BECI, VOKA et UWE, s’opposent également à un péage urbain à Bruxelles, mais se disent favorables à un “prélèvement kilométrique intelligent”, et plaident pour “un système commun” aux trois régions, sans taxe supplémentaire. Le prélèvement kilométrique intelligent pour tous serait modulé en fonction de l’intensité d’usage du véhicule (kilomètres parcourus) et du type de véhicule et remplacerait la taxe de mise en circulation.

Le choix d’un prélèvement kilométrique intelligent dans les trois régions implique donc“, conclut Olivier Willocx, de BECI, la chambre de commerce bruxelloise, “le rejet d’un péage urbain en Région bruxelloise. Un péage urbain ne constitue pas par ailleurs une mesure de mobilité durable. Il risque en effet de déplacer les problèmes de trafic vers la périphérie de Bruxelles. Or, les défis de la mobilité transcendent les frontières des régions.”

Rédaction, avec Belga (Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck)