L’horeca et la culture, les deux grands perdants des mesures du codeco
Les annonces furent nombreuses hier en fin d’après-midi. Si certains comme les commerces non essentiels ou les métiers de contact sont plutôt contents, d’autres comme l’horeca et la culture estiment que leurs demandes n’ont pas été écoutées par le comité de concertation de ce 14 avril.
Dans les rangs des perdants, l’horeca est sur le podium. On leur avait dit qu’ils pourraient rouvrir le 1er mai et finalement, après de longues heures de discussion et de compromis, cela sera le 8 mai et juste pour les terrasses. Et avec toujours cette clause suspensive écrite en petit caractère en bas de page, “si la situation dans les hôpitaux le permet”.
Pour les cafés qui sont sur une place, ouvrir une grande terrasse peut être rentable mais pour les établissements situés dans des rues étroites qui ne peuvent mettre que quatre tables ou qui n’ont tout simplement pas de possibilité d’utiliser l’extérieur, la décision prise ne peut être satisfaisante. Fabian Hermans de la fédération Horeca de Bruxelles est totalement désabusé. “La météo belge du mois de mai ne permet pas de miser uniquement sur la terrasse. En plus, nous n’avons pas encore les protocoles. Il faut absolument que les virologues comprennent que nous avons besoin d’une solution de repli à l’intérieur. J’ai beaucoup de mes membres qui disent que si c’est juste avec l’extérieur, ils n’ouvriront pas car ils ne sont pas rentables.”
La question des aides
Il y a aussi la question des aides pour les restaurateurs. S’ils décident de ne pas ouvrir faute de rentabilité, pourront-ils toujours toucher le droit passerelle? Cela reste en discussion mais les fédérations horeca souhaitent le maintien du droit passerelle voire du double. Cependant, on a vu que pour les commerces qui avaient décidé de ne pas ouvrir, le double droit passerelle avait été supprimé. Au niveau bruxellois, la prime Tetra sera majorée de 25%. C’est un petit soulagement mais cela ne suffira pas. Du coup, certains souhaitent toujours ouvrir le 1er mai mais s’ils se font prendre, les primes qu’ils ont reçues, devront être remboursées.
La culture, l’autre perdant
Les professionnels n’ont aucune perspective de reprise d’activités à part l’organisation possible d’événements en extérieur avec 50 personnes maximum. Pour les cinémas par exemple, cela est tout simplement impossible. Pour les théâtres, la question peut être discutée mais cette jauge n’est pas rentable pour les artistes. En mars pourtant, la ministre de la culture, Bénédicte Linard (Ecolo), disait que des protocoles sanitaires étaient prêts pour le secteur. A l’étranger, de nouvelles études scientifiques montrent également que si les spectateurs sont statiques, portent des masques et qu’un bon système de ventilation est présent, alors la distance d’un mètre cinquante peut même être supprimée.
Du coup, pour le secteur, c’est de nouveau l’incompréhension. “Des théâtres ont énormément investi dans les systèmes de ventilation, explique Thibaut Nève, comédien et administrateur de l’Union des artistes. Nous avons des lieux qui sont mieux ventilés que Zaventem et on nous interdit de rouvrir. Il faut également nous permettre d’avoir plus de 50 personnes en extérieur et nous accorder les primes auxquelles nous avons droit. On attend toujours les primes de l’été dernier.”
Le secteur événementiel dans son ensemble attend beaucoup du comité de concertation du 23 avril qui devrait prendre des décisions concernant la culture et les activités possibles cet été. Les parcs d’attraction, les salles de sports ou les foires attendent aussi des réponses car pour eux, on ne parle d’une reprise qu’au mois de juin, au mieux.
Quelques gagnants
Les métiers de contact et les commerces non essentiels pourront rouvrir sans rendez-vous dès le 26 avril. La règle du shopping seul est suspendue. A la même date, les groupes de 10 personnes en extérieur seront autorisés. Pour la bulle intérieure, il faudra attendre le 8 mai pour avoir une personne de plus à table à condition que les deux invités fassent partie du même foyer. Le couvre-feu sera également levé.
Et puis, dans les gagnants, il y a l’école puisque les enfants pourront être à 100% en présentiel jusqu’en 3e secondaire. Pour les plus grands, on reste avec le modèle hybride et, dans le supérieur, les étudiants pourront venir un jour sur cinq.
Enfin, les agences de voyage respirent un peu puisque les voyages non essentiels sont à nouveau possibles dès le 19 avril. Cependant, si vous restez plus de 48h à l’étranger, cela sera tests et quarantaine obligatoires à votre retour. Et il faut aussi se renseigner sur les conditions dans le pays de destination.
■ Interview de Fabian Hermans de la Fédération Horeca Bruxelles, et Thibaut Nève, comédien, par Vanessa Lhuillier