Les Restos du coeur, en difficultés financières, confrontés à une demande en forte hausse
L’organisation appelle dès lors à augmenter le budget fédéral et régional alloué à l’aide alimentaire.
La Fédération des Restos du Cœur de Belgique est en déficit budgétaire de plus de 400.000 euros alors qu’elle doit répondre à une demande de repas en forte hausse, alerte-t-elle mercredi.
Si cette configuration alarmante perdure, il y aura un risque réel de ne plus pouvoir assurer la continuité des activités, met en garde l’ASBL à la veille de la journée mondiale du refus de la misère. Cela d’autant plus que les Restos du Cœur constatent déjà une augmentation de 3% des repas distribués au cours du premier semestre 2024 par rapport au second semestre 2023, témoignant ainsi de la croissance structurelle de la demande d’aide alimentaire. “Cette tendance négative, qui se poursuit cette année, est une profonde source d’inquiétude”, selon l’association.
En l’espace de cinq ans, le nombre de repas distribués a d’ailleurs connu une hausse impressionnante de 141%, passant de 670.000 repas en 2019 à 1.621.489 en 2023, un record. “Cette situation devient vraiment intenable”, insiste-t-elle. L’ASBL appelle les futurs gouvernements fédéral et régional à augmenter le budget alloué à l’aide alimentaire afin de “garantir un soutien suffisant aux populations vulnérables et éviter des conséquences désastreuses sur la sécurité alimentaire dans les années à venir”.
Les conséquences d’une éventuelle réduction du budget alloué à l’aide alimentaire pourraient se faire sentir rapidement, prévient-elle. Depuis cinq ans, les associations d’aide alimentaire se trouvent dans une situation de plus en plus tendue, appuient les Restos du coeur. D’année en année, les invendus et dons alimentaires se raréfient alors que la fréquentation des bénéficiaires est, donc, en forte hausse.
L’organisation a listé plusieurs revendications pour renforcer la lutte contre la pauvreté et améliorer le bien-être des personnes en situation de précarité. Elle propose notamment de maintenir voire, idéalement, d’augmenter le budget belge du Fonds social européen (FSE+), dédié à l’aide alimentaire, en mobilisant le soutien du gouvernement fédéral et des Régions. L’ASBL souhaite aussi que les plateformes professionnelles de distribution d’aide alimentaire bénéficient de subventions proportionnelles à la taille de l’association et à ses besoins.
Selon elle, une enveloppe annuelle de 3 millions d’euros pour la Wallonie, du même montant pour la Flandre et de 1 million d’euros pour Bruxelles devrait permettre d’aider à répondre aux besoins alimentaires fondamentaux sur l’ensemble du territoire. Les Restos du coeur préconisent en outre d’être reconnus comme “partenaires locaux incontournables” des autorités locales et de modifier les priorités de la redistribution des invendus, en favorisant leur don aux plateformes d’aide alimentaire avant les plateformes commerciales, cela moyennant des incitants financiers. L’association propose, enfin, de revoir l’approche actuelle, souvent axée sur une “chasse aux fraudeurs” et demande aux services publics compétents de produire un rapport bisannuel sur la lutte contre la pauvreté pour assurer le suivi de l’application des mesures qu’ils érigent. Dans ce cadre, il faut développer des indicateurs de pauvreté validés scientifiquement, afin d’élaborer des politiques sociales efficaces et transparentes, conclut-elle.
Belga