Les radios indépendantes dénoncent le projet des télévisions locales
Le projet “Nos Radios”, porté par six télévisions locales, est une “tentative de hold-up” de fréquences “réservées à des radios privées et indépendantes“, estime la fédération Radio Z, qui défend les radios locales indépendantes de la Fédération Wallonie-Bruxelles. “Je comprends la réaction de la Fédération Radio Z, réagit Marc de Haan, Directeur général de BX1, “mais je pense qu’elle repose sur une grande méconnaissance de ce que nous sommes“, précise-t-il.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit rendre ses décisions d’attribution et de refus de radiofréquences le 16 juillet prochain au plus tard.
“Nos Radios” est candidate à un réseau de fréquences couvrant Bruxelles et la Wallonie, tant en FM qu’en DAB+. Derrière ce projet se trouvent six télévisions locales (BX1, No Télé, Télé Mons Borinage, Télésambre, Matélé et Antenne Centre), rassemblées au sein d’une société privée, la SCRL Socarep.
Or “le décret ne prévoit pas que des télévisions locales se mettent à faire de la radio. Et à juste titre car c’est déjà le rôle de la RTBF! Avec une dotation de 250 millions d’euros, il n’est peut-être pas nécessaire d’en rajouter. Une radio publique telle que Vivacité réalise déjà de nombreux décrochages régionaux“, argumente Radio Z. “Une grande majorité du revenu des télévisions locales provient de fonds publics avec une subvention annuelle de 7,5 millions d’euros“, rappelle la fédération.
Lors de la présentation de leur projet fin avril, les télévisions locales avaient fait valoir que les radios associatives reçoivent aussi des subsides, de même que les groupes privés via les aides à la presse. 7,5 millions, “c’est moins que l’aide de près de 11 millions d’euros octroyée à la presse écrite, mais bien loin du subside d’environ 20.000 euros que reçoivent une petite dizaine de radios indépendantes. Sans parler des autres radios locales – une soixantaine – qui vivent sans aucun subside public. Un comble pour les radios qui, pour la plupart sans but lucratif et à petits budgets, ne peuvent déjà compter que sur leurs bénévoles pour poursuivre leur mission de proximité“, répond Radio Z.
“Et l’étonnement est encore plus profond quand on sait que dans son subside de 3,5 millions d’euros, BX1 a reçu une rallonge de 250.000 euros de la part de la Cocof pour déjà démarrer une webradio, censée établir les bases de son projet radio à Bruxelles.” “A l’heure où les deniers publics sont comptés, il serait peut-être plus judicieux de créer des synergies entre radios indépendantes et télévisions locales et d’enfin allouer de véritables moyens aux radios locales“, concluent les radios indépendantes.
“Je comprends leur réaction, mais…”
Le Directeur général de BX1, Marc de Haan, nuance la réaction de la Fédération: “Je comprends la réaction de la Fédération Radio Z, mais je pense qu’elle repose sur une grande méconnaissance de ce que nous sommes. BX1 et ses partenaires sont des asbl indépendantes qui ont certes une mission de service public télévisuel, mais ne s’y résument pas. Elles développent d’autres activités médiatiques et commerciales, et leurs ressources ne sont pas exclusivement publiques. Nos asbl ne bénéficient en effet pas d’une mission de service public radiophonique, on peut le regretter, mais rien ne permet d’empêcher des entités de droit privé de créer sur leurs fonds propres les médias indispensables à leur pérennité et leur développement”.
Et il ajoute “Radio Z a raison de souhaiter des synergies avec les radios indépendantes, ces synergies sont d’ailleurs au cœur des candidatures déposées par les télévisions locales au CSA. Nous avons confiance dans la capacité de ce dernier à décider sereinement, sans autre considération que la qualité de nos projets et leur apport au pluralisme du paysage radiophonique.”
La rédaction et Belga