Les piqûres en soirée : “On espère que le gouvernement fédéral va prendre ce phénomène un peu plus au sérieux”

Maïté Warland, journaliste pour le magazine Axelle, vient de signer un dossier qui décrypte le phénomène des piqûres en soirée. Elle était l’invitée du 12h30.

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Se réveiller le lendemain d’un événement avec un hématome et une trace de piqûre au centre, c’est avoir été victime de ce qu’on appelle en anglais le “needle spiking”. Ce phénomène n’est pas nouveau (le fait d’injecter de la drogue à quelqu’un) mais semble être en recrudescence. 350 plaintes ont été enregistrées en France, 1.300 en Angleterre et une quinzaine chez nous. Quels sont les symptômes ? “Ce sont les mêmes symptômes que lors d’une soumission chimique, soit lorsque des substances sont mises dans des verres”, explique la journaliste Maïté Warland. “Il y a des vomissements, des étourdissements. Le lendemain, on constate sur le corps un hématome avec une trace de piqûres. Ensuite, il y a les symptômes psychologiques, la sensation d’avoir été touché dans son corps, d’avoir évité peut-être le pire si on a réussi à l’éviter.”

Maïté Warland insiste sur l’importance d’écouter les victimes, de ne pas décrédibiliser leur parole. “Il y a le risque de mettre l’opprobre sur l’entièreté des paroles qui ont été libérées ces derniers mois sur la soumission chimique, le GHB, Balance ton bar etc”, souligne-t-elle. “Au niveau du traitement médiatiques des violences, les médias doivent utiliser termes corrects. On peut dire qu’en Belgique il y a peu de plaintes, peu de faits avérés. Mais parler de légendes urbaines ou de psychoses, c’est problématique car si demain vous en êtes victime, vous n’allez pas porter plainte”.

La journaliste souligne qu’en France et en Angleterre, le phénomène est pris bien plus au sérieux, notamment au niveau politique. “En Angleterre par exemple, il y a des choses qui sont mises en place. Il y a des communications gouvernementales, des rapports de commission. Les victimes vont avoir beaucoup plus vite le réflexe de déposer plainte,” explique-t-elle. En comparaison, le ministre belge de la Justice qu’elle a interviewé dans le cadre de son dossier “se dit tout à fait inquiet mais parle d’hystérie collective. On retombe donc dans les phrases qui décrédibilisent la libération des paroles des victimes. Ainsi, continue Maïté Warland, “on espère que le gouvernement fédéral va prendre ce phénomène un peu plus au sérieux et réfléchir à ce que font les voisins. Afin de mieux réagir et surtout informer les citoyens. Des milliers de très jeunes adultes se rendront dans des festivals cet été”.

Que faire en cas de piqûre ?

La technique étant particulièrement discrète, il est extrêmement difficile de faire de la prévention, surtout dans les grands événements qui rassemblent des milliers de personnes. “Je comprends tout à fait les organisateurs qui disent ‘on ne va pas fouiller tout le monde'”, déclare la journaliste, “mais il faut d’abord informer et le fait d’en parler va peut-être dissuader certains de faire ce genre de choses. Peut-être que ce sont des plaisantins qui veulent semer la panique. Mais derrière ça, il faut rappeler que quand on fait peur aux femmes, elles restent chez elles.”

Que faire en cas de piqûre ? “Si vous avez des symptômes, allez dans les hôpitaux, les CPVS (Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles) ou à la police. Il y en a six CPVS en Belgique. Si vous n’avez pas l’opportunité de vous y rendre et que vous allez plutôt dans un hôpital, on espère que les soignants sont assez conscientisés sur le phénomène pour faire des tests.” Maïté Warland insiste en effet sur l’importance de faire des tests. Parce que, explique-t-elle, “dans l’éventualité où vous désirez porter plainte, ces tests pourront servir de preuve. Et ces preuves permettront ensuite à la police et aux médias de dire ‘oui, il y a un phénomène’.”

 

■ Une interview de Maïté Warland par Murielle Berck et Jim Moskovics dans le 12h30 sur BX1+