Les francophones moins favorables au vaccin contre la Covid-19

 38% des francophones ne souhaitent pas se faire vacciner. C’est un chiffre en augmentation par rapport au mois de janvier. C’est en tout cas ce qui ressort du baromètre de la motivation réalisé par plusieurs universités dont l’ULB et l’UCLouvain.

Les néerlandophones sont nettement plus enclins à la vaccination que les francophones. Si 71% des non-vaccinés du nord du pays sont favorables au vaccin contre le Covid-19, ils ne sont que 51% à l’être à Bruxelles et en Wallonie.

A l’inverse, 38% des francophones refusent d’être vaccinés, contre seulement 20% des Flamands.

Cette différence linguistique s’était comblée en février, mais elle s’est recreusée depuis mars“, constate Olivier Luminet, professeur de psychologie de la santé à l’UCLouvain et membre du groupe d’experts psychologie et corona.

Des centres bruxellois qui peinent à se remplir

Aujourd’hui, à Bruxelles, on vaccine les personnes nées en 1976 et avant et celles de plus de 41 ans peuvent s’inscrire sur la liste d’attente. Seulement, la Région a du mal à remplir certains centres et a lancé la semaine dernière une action pour les plus de 41 ans. Ils peuvent s’inscrire directement dans 4 centres bruxellois, à savoir Schaerbeek, Woluwe-St-Pierre, Anderlecht et Forest. Cette action a un peu fonctionné mais pas assez pour la Cocom.

En moyenne, les centres de vaccination bruxellois sont pleins à 75% mais on constate des écarts importants selon les lieux. Le Heysel ou Pachéco affichent un taux de remplissage de quasi 100%, alors que d’autres comme celui de Woluwe-St-Pierre peinent à atteindre les 30%. Une explication avancée est la réticence de la population pour se faire vacciner avec AstraZeneca. La Cocom nous a expliqué qu’elle notait une forte différence d’affluence les jours où AstraZeneca était distribué.

Et c’est une des raisons pour lesquelles Bruxelles n’ouvre pas encore la vaccination à des gens plus jeunes puisqu’en dessous de 41 ans, la Belgique a décidé de ne pas administrer le vaccin d’AstraZeneca. Or, le Pfizer ou le Moderna s’écoulent sans encombre. Alors en attendant, la Cocom fait appel à la liste d’attente et elle fait des stocks.

Assez de doses, plus assez de candidats à la vaccination?

Le risque majeur, après avoir parlé longtemps du fait qu’il n’y avait pas assez de doses, c’est qu’on risque désormais d’avoir assez de doses mais pas assez de personnes pour venir se les faire administrer“, ajoute le professeur néo-louvaniste. En juin, on risque d’envoyer des courriers et que personne ne vienne se faire vacciner. Il faut absolument que les dirigeants sensibilisent la population maintenant.”  En effet, plus les personnes sont jeunes moins elles ont d’intérêt personnel à se faire vacciner puisqu’elles ont moins de risques de faire des formes graves de la malaide. Cette réticence pourrait mettre en péril l’objectif d’atteindre une couverture vaccinale de 70% de la population, taux indispensable pour mettre en place le plan de déconfinement décidé par le fédéral.

Des positions qui peuvent évoluer

Mais les opinions sur la vaccination peuvent évoluer puisque 74% des personnes qui ont pris part au baromètre indiquent avoir révisé positivement la question au fil du temps. Ainsi sur 100% des gens qui refusaient “sans aucun doute” d’être vaccinés, ils ne sont plus que 66% à être aussi “négatifs” tandis que 12% hésitent désormais et 22% indiquent vouloir accepter le vaccin.

Interrogés sur les raisons de leur changement d’avis, les sondés évoquent principalement le discours des médecins (59%), des pharmaciens (28%) et des experts (22%).

Le monde politique, lui, n’a convaincu que 18% des répondants dans le doute, mais cela reste davantage que les 14% des répondants déclarant avoir été sensibilisés par des personnalités ou les 13% convaincus par des témoins. Pour Olivier Luminet, il serait bon de sensibiliser les personnes qui viennent se faire vacciner durant leur quart d’heure d’attente. Elles pourraient ensuite servir d’ambassadeur auprès de leur entourage. Il ajoute que travailler avec les influenceurs des communautés est une bonne piste tout comme les campagnes dans plusieurs langues.

■ Interview d’Olivier Luminet, professeur en psychologie par Vanessa Lhuillier

Photo Belga