Les expulsions enfin cartographiées à Bruxelles : “Mieux comprendre les causes et conséquences”
Ce projet de quatre chercheurs de l’ULB et de la VUB cherche à documenter les expulsions en Région bruxelloise pour mieux comprendre cette problématique.
Le nombre d’expulsions de logements privés et sociaux reste une grande inconnue en Région bruxelloise. Aucune statistique n’est aujourd’hui connue, entre les décisions des juges de paix, les expulsions administratives et les expulsions illégales. Quatre chercheurs de l’ULB et de la VUB, soutenis par Innoviris, l’agence régionale qui soutient la recherche dans la capitale, se sont penchés sur le sujet et ont lancé un projet d’envergure nommé « Bru-Home ». L’objectif est de cartographier ces expulsions au fil des années.
Ce projet s’annonce titanesque, car aucune donnée fiable n’avait été récoltée jusqu’à présente. Pour démarrer, les chercheurs ont pris comme base l’année 2018. Ils ont dû récupérer les jugements d’expulsions via les 18 justices de paix bruxelloises. Des jugements qui sont encore pour la plupart… sur papier.
Seules les expulsions ordonnées via les juges de paix ont été enregistrées. Les expulsions administratives via les bourgmestres et les expulsions illégales ne sont par contre pas prises en compte, ce qui fait dire à la chercheuse Eva Swyngedouw de la VUB que les données récoltées ne sont que “le sommet de l’iceberg”, dit-elle à Bruzz.
1,3 expulsion sur 100 logements
3 907 expulsions ont été comptabilisées par les chercheurs, soit 1,3 expulsion par 100 logements locatifs. Ce taux est toutefois plus élevé dans le fameux “croissant pauvre” de la Région, autour du canal de Bruxelles, avec des pics à près de 2% d’expulsions à Laeken, Berchem-Sainte-Agathe et Evere. Les communes du sud-est de la capitale, principalement Watermael-Boitsfort, Woluwe-Saint-Lambert et Etterbeek connaissent par contre les taux les plus faibles, en dessous de 1%.
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Selon les premières données révélées par “Bru-Home”, dans plus de 8 cas sur 10, les personnes expulsées le sont en raison d’arriérés de loyers. Et dans 2 cas sur 3, les locataires ne sont pas nés en Belgique, ce qui peut s’expliquer par la large démographie bruxelloise qui compte plus de 150 nationalités sur son territoire.
Sept propriétaires sur dix sont des propriétaires privés, les autres propriétaires sont des sociétés privées et sociétés de logement social.
Les auteurs de ce projet souhaitent ainsi objectiver la problématique des expulsions en Région bruxelloise, et s’interrogent sur les effets des multiples crises, après avoir pris comme exemple la forte augmentation des expulsions aux États-Unis, en Grèce ou en Espagne après la crise financière de 2008.
L’objectif est de montrer quel impact ces expulsions ont sur la vie bruxelloise et comment, à terme, les éviter. Selon les chercheurs, la secrétaire d’État bruxelloise au Logement Nawal Ben Hamou (PS) est attentive à leur travail. Ils espèrent qu’un suivi annuel pourra être mené par la suite.
► Plus d’informations sur le site du projet Bru-Home
Grégory Ienco – Photo : illustration Belga