L’édito de Jean-Jacques Deleeuw : renouveler le 21 juillet
Ce 21 juillet d’après confinement a marqué un changement de style. En plus de la fête populaire, du défilé et du feu d’artifice traditionnels, l’État a voulu y ajouter une nouveauté : un grand concert au Cinquantenaire diffusé par les télés nationales et retransmis dans les cafés participant à l’Apéro national. Ce grand show a accueilli 60 000 personnes qui ont pu piétiner les plates-bandes de Bruxelles Environnement et applaudir des artistes comme Salvatore Adamo ou Alice on the Roof rendant hommage à Arno. On y a même vu le Roi venir saluer le public sur scène…
Un spectacle musical populaire célébrant la Belgique et diffusé en direct à la TV. Quelle bonne idée ! Cela fait 19 ans que la Chancellerie l’organise déjà tous les 20 juillet à la Place du jeu de balle sous le nom de « Bal National ». Cette année, on y a rendu hommage à Toots Thielemans et au Grand Jojo.
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Pourquoi revenir là-dessus ? Parce qu’on a oublié Annie Cordy ? Non, elle a déjà son tunnel. Non, parce que cette volonté de renouveler le genre en dynamisant le défilé ou en rajoutant une soirée festive aux célébrations de la Fête nationale devrait aussi s’intéresser au cérémonial du matin, le Te Deum.
Le matin du 21 juillet, la famille royale et les pouvoirs constitués – gouvernement, parlement, judiciaire, diplomatique et même les cultes – se retrouvent dans la cathédrale Saints Michel et Gudule de Bruxelles pour le Te Deum traditionnel. Il a lieu deux fois par an, le jour de la Fête du Roi et le jour de la Fête nationale. Et c’est le primat de Belgique qui dit un hymne sous forme de louanges à Dieu. Un usage qui ressemble à la soumission de l’État à la religion de la famille royale, le catholicisme autrefois ultra-majoritaire.
On est bien loin de la neutralité pourtant prônée dans notre pays. Certes, au fil des années, le côté catholique exclusif a été érodé en s’ouvrant aux autres cultes. Ils sont les bienvenus, mais on ne les entend pas lors de ces prières. Autre élément, aucun sacrement n’est administré lors du Te Deum, c’est donc une cérémonie œcuménique qui a perdu son côté officiel il y a 20 ans déjà.
Aujourd’hui, ce n’est plus qu’une coutume qui permet un moment de rencontre plus intime que la tribune du défilé. La cérémonie n’a donc pas de véritable raison d’être, c’est peut-être l’occasion d’inventer autre chose pour un véritable renouvellement. Un véritable nouveau 21 juillet.