L’édito de Fabrice Grosfilley : ouverture et tolérance

Plus de 150 000 personnes attendues dans les rues de Bruxelles demain pour la fameuse “Brussels Pride”.  Le rendez-vous annuel de la communauté homosexuelle. Un défilé coloré et festif, avec chars de carnaval et musique techno, plumes et paillettes, torses dénudés et maquillages extravagants. Derrière l’image qui fait bien dans les journaux télévisés, une série de revendications qu’il ne faudrait pas oublier. La Pride, c’est l’occasion de militer en faveur de la diversité, de la tolérance et de l’acception de tous, quelle que soit notre orientation sexuelle, notre identité de genre, homme, femme, transexuel·le, non-binaire, etc. Cela n’a l’air de rien, mais elle n’est pas si évidente cette tolérance. Elle nous semble peut-être, vu de Bruxelles, quelque chose d’acquis, mais les apparences sont trompeuses, il suffit de lever la tête pour se rendre compte que le monde n’est pas si rose que cela.

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Jeudi dernier, il y a un peu plus d’une semaine, à Genk, une activité de sensibilisation a tourné au fiasco dans une école technique. Alors qu’un stand faisait la promotion de la tolérance et de la diversité LGBTQIA+, un groupe d’élèves a commencé à chahuter les intervenants. Une dizaine au début, plusieurs dizaines à la fin. Les symboles arc-en-ciel jetés par terre et le cri Allah Akbar” lancé à plusieurs reprises. Une manifestation d’homophobie sur fond de discours religieux, l’image est glaçante, fortement relayée sur les réseaux sociaux, elle est évidement de nature à alimenter les discours d’extrême-droite. Une preuve de non-intégration pour les jeunes en question, un rejet de la culture occidentale, une forme de fanatisme religieux et surtout, très clairement, l’expression d’une bien réelle homophobie.

On ne va pas gonfler cet évènement, mais il est quand même emblématique d’une confrontation de valeurs. Entre d’un côté, un discours religieux qui ne conçoit pas la sexualité comme autre chose qu’un rapport homme/femme. Et d’un autre côté, une volonté de reconnaissance de nombreuses formes de relations possibles, entre deux hommes, entre deux femmes, l’important étant évidement que l’ensemble des personnes soient consentante. On va se garder de stigmatiser une religion en particulier. Le problème n’existe pas que chez les musulmans. Ce tabou de l’homosexualité est encore très vivant dans beaucoup de milieux.

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Ce qui s’est passé à Genk n’est d’ailleurs pas le seul signal d’alerte qui doit nous préoccuper. La possibilité de dénoncer l’adoption d’un enfant par un couple homosexuel en Hongrie, ou la non-reconnaissance de la filiation pour un couple homoparental en Italie sont d’autres avertissements. La démonstration que des droits qu’on considère parfois comme acquis ne le sont pas vraiment. L’idée que les homosexuels, les bi, les transsexuels, doivent pouvoir jouir des mêmes droits que les hétérosexuels est à l’échelle mondiale une idée qui reste minoritaire. Nous sommes sûrement en Europe et en particulier en Belgique, à la pointe de ce combat-là. C’est la raison pour laquelle la Pride ne doit pas être seulement un rendez-vous festif. Et que les enjeux commerciaux ou touristiques qui entourent désormais ce rassemblement ne doivent pas faire oublier son utilité première : celle d’un rendez-vous festif et revendicatif, l’occasion d’attirer l’attention sur des discriminations qui existent toujours, y compris en Belgique.

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Fabrice Grosfilley