L’édito de Fabrice Grosfilley : le ton monte autour des zones de police
L’entretien a duré deux heures. Deux heures pour mettre à plat les besoins des zones de police en terme d’effectifs. Deux heures pendant lesquelles la bourgmestre de Molenbeek a essayé de convaincre la ministre de l’intérieur que l’envoi de renforts était maintenant indispensable.
Ce rendez-vous entre Catherine Moureaux, la bourgmestre, et Annelies Verlinden, la ministre, était très attendu. Cela fait plusieurs semaines maintenant que les élus bruxellois réclament des renforts. La série de fusillades qui secouent actuellement la région Bruxelloise ont donné du grain à moudre à ceux qui estiment urgent de remplir les cadres. 14 fusillades en l’espace d’un an. Rien qu’en 2022 il y en a déjà 6 depuis le début de l’année.
Pendant ces deux heures on peut au moins dire que Annelies Verlinden et Catherine Moureaux se sont parlé avec franchise. Un photographe de l’agence Belga a même été autorisé à photographier la séance. Et des deux cotés on confirme qu’on a pris le temps de s’écouter. Ce qui ne veut pas dire qu’on se soit forcément mis d’accord. Il y a deux jours la ministre de l’intérieur répétait encore que c’était à la police locale de prévoir et d’organiser la capacité policière nécessaire à la sécurité.
Ce matin Catherine Moureaux a donc formulé tout une série de demandes. La première consiste à envoyer 20 policer en renfort tout de suite dans le cadre du “plan canal”. Théoriquement ce plan devrait permettre d’avoir 50 policiers en plus pour la zone ouest. Mais depuis deux ans, la moitié des renforts n’arrivent plus. D’après le calcul du chef de zone il manquerait 122 policiers sur cette seule zone. La bourgmestre de Molenbeek-saint-Jean a également demandé que les budgets supplémentaires que vient d’obtenir la ministre de l’intérieur soient prioritairement investis sur Bruxelles et qu’on évite de saupoudrer ces montants à travers toute la Belgique. Annelies Verlinden n’a rien promis, mais elle a quand même garantie que le plan canal allait se poursuivre et que les programmes de préventions seraient maintenus.
La zone ouest va-t-elle obtenir des renforts ? Devant les députés à la chambre cet après-midi, Annelies Verlinden n’en a pas parlé. Au contraire même, elle a souligné qu’il y avait déjà 6000 policiers actifs dans la région bruxelloise. Qu’un officier allait être envoyé en Colombie puisque la drogue vient de là. Qu’il fallait selon elle que la justice soit plus sévère avec les trafiquants de drogue et que le ministre-président Rudi Vervoort devait mettre en place une approche globale à l’échelle de la région. Discours classique, chacun doit prendre ses responsabilités, je fais ce que je peux, mais je peux pas tout faire toute seule.
Il y a un point sur lequel Annelies Verlinden est revenue aujourd’hui à deux reprises, avec Catherine Moureaux, et devant les députés. C’est la proposition de fusionner les zones de police. De son point de vue ce serait plus efficace de n’avoir qu’une seule zone pour toute la région bruxelloise. Cette vision c’est celle défendue par son parti le CD&V , mais aussi par les nationalistes de la N-Va. Une vision qui n’est pas dans l’accord de gouvernement. Et qui a provoqué la crispation de Catherine Moureaux et les protestations des députés socialistes. C’est le genre de débat dont on peut se douter qu’il reviendra en 2024. En espérant qu’on arrive quand même d’ici là, à en rayer ce phénomène des fusillades.