L’édito de Fabrice Grosfilley : la douche froide, et quoi ensuite ?

C’est donc retour à la case blocage. Dans cet éditorial, hier, je me posais la question : allons-nous vers le miracle ou vers la douche froide ? C’est donc la douche froide. Frédéric De Gucht l’a même voulue glaciale, en convoquant les images de Magritte et de Kafka et en “descendant” la solution Verougstraete qui, finalement, s’éloignait du fond pour revenir à la problématique des équilibres et à la répartition des portefeuilles ministériels.

Au cœur de l’argumentation de Frédéric De Gucht : la collaboration entre la Région bruxelloise et le gouvernement fédéral. Pour lui, la coalition proposée n’apportait pas suffisamment de garanties. Que Les Engagés, Vooruit, le CD&V et le MR soient tous membres de la coalition Arizona n’était pas suffisant pour Frédéric De Gucht. C’est une manière de dire, sans le dire, qu’on ne peut pas former de gouvernement sans la N-VA.

On peut d’ailleurs se demander s’il faut vraiment s’arrêter sur les justifications avancées par Frédéric De Gucht. Le nouveau leader des libéraux néerlandophones à Bruxelles, officiellement candidat à la présidence nationale de son parti, est en pleine construction de sa propre notoriété. Il est celui qui s’oppose, qui tranche, qui ne fait plus de concessions et lave plus blanc que blanc. L’Open VLD n’a plus pour priorité de gouverner ; il a pour principal objectif de reconquérir l’électorat flamand. La Région bruxelloise n’est qu’un petit épisode mis au service de cette ambition.

Depuis hier soir, c’est donc haro sur De Gucht. « Une décision à l’encontre de l’intérêt général », a cinglé Yvan Verougstraete. « Jamais auparavant, les Bruxellois néerlandophones n’avaient eu un point de départ aussi prometteur pour les négociations », note de son côté Benjamin Dalle pour le CD&V.

Que va-t-il se passer maintenant ? Négocier à six au lieu de sept ? Ce serait se lancer sans avoir la garantie de pouvoir installer le gouvernement au final. Probablement que le Mouvement Réformateur s’y refusera. Donner la main à Frédéric De Gucht, à charge pour lui de trouver une autre solution ? Peine perdue : on sait d’avance quelle solution Frédéric De Gucht mettra sur la table. Ce sera la piste d’octobre 2024 avec quatre partis néerlandophones, dont la N-VA. Ni le PS, ni Ecolo, ni DéFI ne joueront dans cette pièce : cette piste-là n’a pas de majorité côté francophone. Les partis flamands qui refusent de l’entendre, Open VLD en tête, font preuve d’un manque de lucidité tragique que seul un enfermement idéologique et une volonté de mettre Bruxelles au pas pourraient expliquer.

La seule solution, comme on l’avait déjà souligné dans un éditorial écrit au début de l’été, consiste à changer de priorité. En quinze mois, on a tout essayé pour former un gouvernement en Région bruxelloise. Le jeu est bloqué. La responsabilité des partis politiques, maintenant, c’est de ne pas s’enliser davantage et de faire fonctionner la Région, à défaut de faire fonctionner un gouvernement. Et pour cela, il faut voter un budget. Sortir de ce système des douzièmes provisoires, donner de l’air aux associations, des perspectives et de la stabilité aux acteurs économiques, un cap, une vision. Pour cela, on aura besoin d’une majorité, c’est vrai. Mais ce ne sera pas une double majorité, et on ne se chamaillera pas pour savoir qui sera secrétaire d’État et qui ne le sera pas.

S’il reste des hommes et des femmes d’État à Bruxelles, ce dont on aimerait ne pas douter, on a qu’un seul mot à leur dire : au travail !

Fabrice Grosfilley 

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