L’édito de Fabrice Grosfilley : gérer nos déchets

Que faire de nos déchets ? Comment les stocker, les recycler, les éliminer ? C’est la question que nous sommes amenés à nous poser ce matin, en regardant ce qui se passe autour de nous et en parcourant la presse. Gérer nos déchets, ne pas se laisser envahir, avec le risque que si on ne prend pas le dossier suffisamment en amont, il risque finalement de nous revenir en plein figure.

L’affaire la plus emblématique ce vendredi concerne nos déchets résidentiels, ce qu’on met dans nos sacs poubelles en clair. En janvier dernier incinérateur de Neder-Over-Hembbek n’était plus en mesure de traiter ces déchets. La faute aux capsules de protoxydes d’azote qui avait mis le broyeur K.O.. Bruxelles Propreté a du envoyer ces déchets ailleurs, en l’occurrence vers un opérateur privé, la société “AA Container”. Le problème c’est qu’AA Container (une société à laquelle on peut louer des  conteneurs pour y mettre des gravats liés à des travaux par exemple) n’avait pas la licence nécessaire pour traiter ce genre de déchets. Que cette société, dont un des terrains est situé le long du canal, a déjà fait l’objet de plusieurs plaintes et mises en demeure de la part de Bruxelles Environnement. Mais on n’avait pas vraiment le choix, une seule entreprise avait répondu à l’appel d’offre qui ressemblait à un appel aux secours :  Solywaste, qui a elle-même fait appel à AA Container, qui agissait dans ce dossier en qualité de sous-traitant.  Le problème c’est que les déchets se sont accumulés sur le terrain d’AA Container… et qu’à la fin une partie des sacs poubelles  aurait même pu se retrouver dans le canal (l’information circule beaucoup mais elle n’est pas vérifiée, elle est à prendre avec prudence donc). On peut dire que ça fait désordre. La collaboration avec AA container a donc été suspendue en février, mais le ministre de l’Environnement Alain Maron a du s’expliquer sur cette affaire au Parlement bruxellois hier.

Autre exemple :  nos matelas usagés. Cela représente 500 tonnes par an  rien qu’en Région Bruxelloise. La plupart du temps ces matelas se retrouvent à la déchetterie.  Mais il ne vous a surement pas échappé que parfois des matelas se  prélassent sur les trottoirs, dans les parcs, bref on ne sait plus quoi en faire et ils contribuent grandement à l’embellissement de la ville (je précise : c’est de l’ironie). Bonne nouvelle la filière des producteurs de matelas et la Région Bruxelloise viennent de passer un accord. L’association des producteurs va prendre en charge les coûts de collecte et de traitements de ces matelas,  en recyclant ce qui peut l’être, afin d’éviter qu’ils ne finissent leurs parcours  systématiquement à l’incinérateur. Ça veut dire que dans le futur une filière pour recycler les matelas se mettra en place, un peu comme les huiles usagées ou les batteries.

Enfin troisième exemple ce matin, puisqu’on reparle du nucléaire et de la prolongation des deux réacteurs. Il n’y a toujours pas d’accord avec Engie. La négociation entre entre l’opérateur et l’État fédéral butte, évidement, sur la question des déchets. Où les enfuir, comme les traiter, et surtout combien cela va-t-il couter ?  Dans le cas du nucléaire impossible de répondre à ces questions. La durée de vie de ces déchets  (plus de 100 000 ans) et leur toxicité donnent le vertige. Le démantèlement des centrales belges et le stockage des déchets est estimé à  au moins 18 milliards, mais ce chiffre n’est pas définitif.

Pour nos sacs poubelles, nos matelas, nos déchets nucléaires, la conclusion est la même. Nous n’avons pas assez anticipé. Nous n’y avions pas pensé avant. Il est tant que la question du retraitement, du recyclage ou de la destruction devienne, pour les produits de demain, un premier réflexe.