L’édito de Fabrice Grosfilley : conclave budgétaire à la bruxelloise

Ils ne disent pas grand-chose, et c’est plutôt bon signe. Aujourd’hui, pour la troisième journée consécutive, les chefs de file de six partis vont donc se retrouver à nouveau pour discuter de trajectoire budgétaire. Les rencontres se déroulent dans le prestigieux cadre de la bibliothèque Solvay, non loin de la rue Belliard, mais à l’écart de l’agitation. Et s’il y a effectivement quelques journalistes, dont ceux de BX1, qui attendent à l’entrée ou à la sortie, les déclarations des négociateurs se sont faites plutôt rares ces derniers jours. Prudence et modération dominent les propos. À ce stade, pas de fuite vers la presse des documents qui sont sur la table. C’est une ambiance encourageante.

Cet après-midi, les négociateurs devront décider de la suite des travaux. David Leisterh, qui a réendossé le costume de formateur — même si on ne parle ici que de former un budget et non un gouvernement — devrait faire une communication. Les six délégations, continueront-elles à se voir tous les jours ? Y aura-t-il une formule conclave, où l’on s’enferme jusqu’à trouver un accord, comme l’avait suggéré Ahmed Laaouej lundi matin sur BX1 ? Va-t-on, à l’inverse, espacer les réunions et installer, dans l’intervalle, des groupes de travail avec des conseillers ou des élus chargés de suivre plus précisément certains dossiers techniques ? Ces différentes options sont sur la table. Il faut aussi garder en tête que d’autres négociations budgétaires, concernant la Fédération Wallonie-Bruxelles et l’État fédéral, vont débuter dans les prochains jours. Cela pourrait avoir un impact négatif sur ce qui se passe à Bruxelles. Certains négociateurs, notamment Georges-Louis Bouchez, qui défend les intérêts du MR dans ces discussions bruxelloises — puisque David Leisterh intervient comme président de séance — risquent de devoir jongler entre deux ou trois agendas cumulatifs. C’est le premier danger qu’il faudrait éviter : que l’apparente bonne volonté actuelle ne s’enraye faute d’un rythme suffisamment soutenu. « Il faut battre le fer quand il est chaud », disaient les anciens.

Ce matin, à la une du Soir, une petite piqûre de rappel s’adresse aux négociateurs. Une lettre du comité de monitoring, datée du mois d’août, fait état de possibles difficultés de paiement l’an prochain, faute de liquidités. Cela concernerait essentiellement la COCOM, la Commission communautaire commune, qui gère par exemple les allocations familiales ou la politique de santé de la région. La missive est un peu alarmiste : elle anticipe une éventuelle dégradation de la note de la région par l’agence Standard & Poor’s. À ce stade, il n’y a pas péril en la demeure — comme disaient toujours les anciens — mais la publication de ce courrier aujourd’hui tombe particulièrement bien : elle contribue à mettre un peu de pression sur les négociateurs qui ne seraient pas tout à fait convaincus que la réduction du déficit bruxellois est une nécessité.

Hier soir, on a même appris un élément nouveau sur ce qui se passe dans ces négociations. Ahmed Laaouej a indiqué à l’agence Belga qu’il avait, lui aussi, déposé une note de trajectoire budgétaire. On sait donc qu’il y a désormais deux documents sur la table : l’un déposé par le MR, l’autre par le PS. Et même si les deux doivent aboutir au même résultat — économiser un milliard d’euros d’ici 2029 — on se doute qu’ils n’empruntent pas le même chemin. À quel rythme effectue-t-on les économies ? Fait-on porter l’effort sur la première, la deuxième ou la troisième année ? Quelles sont les politiques les plus impactées ? Comment agit-on sur les recettes ?… Le fait qu’il y ait deux notes n’est pas un drame en soi, à condition qu’on arrive à en faire la synthèse.

Là, il y a peut-être un feu orange clignotant qui s’allume. Le MR et le PS sont les deux poids lourds de cette négociation. Pour que cela marche, il faut qu’ils avancent dans la même direction et qu’ils aient la capacité d’emmener les autres. Un deal PS-MR, qui représentent à eux seuls 37 des 45 députés nécessaires pour voter un budget, s’imposera naturellement aux autres partenaires. Si David Leisterh, Georges-Louis Bouchez et Ahmed Laaouej ne pédalent pas dans le même sens, les choses risquent de devenir beaucoup, beaucoup plus compliquées. Au-delà du comité de monitoring et des agences de notation, ce sont surtout les Bruxellois qui attendent désormais qu’on s’accorde enfin sur le budget. Et qu’une fois cela fait, on puisse ensuite se diriger vers l’installation d’un gouvernement de plein exercice.

Fabrice Grosfilley 

BX1
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