Les syndicats annoncent une grève de 48 heures dans toutes les prisons le 24 septembre
Le Syndicat libre de la Fonction publique (SLFP), puis la CGSP et la CSC ont annoncé mardi activer un préavis de grève du personnel dans toutes les prisons le dimanche 24 septembre, pour une durée de 48 heures à compter de 22h00.
Mardi matin, une délégation syndicale a rencontré le cabinet du ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne. Les représentants y ont notamment dénoncé “les conditions de travail inhumaines” dans les prisons belges, le manque de personnel et les agressions en hausse au sein des prisons. Ils ont demandé entre autres des investissements supplémentaires au ministre.
Cette rencontre n’a toutefois pas permis de trouver des solutions à court terme, c’est pourquoi les trois syndicats ont décidé d’activer le préavis de grève déposé vendredi dernier par la Centrale générale des Services publics (CGSP), la Confédération des Syndicats chrétiens (CSC) et le SLFP pour toutes les prisons du pays, afin de protester contre la surpopulation carcérale.
Il est encore difficile d’évaluer l’impact de la grève, mais il est attendu qu’une grande partie du personnel pénitentiaire y participe, selon Eddy De Smedt, secrétaire du SLFP Prisons. La CGSP s’attend également à des perturbations importantes, en raison d’un profond mécontentement de la part du personnel. Le syndicat a par ailleurs indiqué qu’une nouvelle rencontre avec le ministre de la Justice pourrait avoir lieu la semaine prochaine.
À la CSC Services publics, des discussions étaient encore en cours dans l’après-midi concernant l’activation, ou non, du préavis de grève mais le syndicat chrétien s’est finalement rallié au mouvement en début de soirée. “La réunion n’a pas abouti aux perspectives souhaitées“, a commenté Alain Blancke, responsable syndical auprès de la CSC.
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La population pénitentiaire a atteint des sommets en 2022
Le Conseil central de surveillance pénitentiaire (CCSP) a épinglé mardi lors de la présentation de son rapport annuel 2022 l’impact de la surpopulation carcérale sur les droits des personnes détenues.
Selon l’organe de contrôle, en 2022, la population pénitentiaire a atteint des sommets jamais franchis jusqu’ici dans les prisons belges. Le nombre moyen de personnes détenues dans les 35 prisons surveillées était l’an dernier était de 11.302, tandis que la capacité moyenne des prisons est de 9.641 personnes. Le taux moyen de surpopulation atteignait donc les 17%.
Cette surpopulation affecte gravement les conditions de détention, porte atteinte à la dignité et aux droits des personnes détenues, pointe le CCSP.
S’appuyant sur les observations faites par les commissions de surveillance, le Conseil cite les conditions matérielles indignes, parmi lesquelles les matelas au sol au nombre de 82 à 248 dans les prisons surveillées, le manque d’intimité et d’hygiène, la réduction du temps passé à l’air libre, l’accès restreint aux soins médicaux ou encore la pression exercée sur le personnel pénitentiaire.
Il évoque aussi l’insécurité, la difficulté de maintenir des contacts avec l’extérieur, la réinsertion rendue plus compliquée, l’aggravation des problèmes psychologiques, ainsi que l’augmentation des suicides et tentatives de suicide.
Le CCSP recommande de prendre des mesures appropriées et suffisantes pour mesurer et contrôler la croissance de la population carcérale et garantir des conditions de détention humaines et dignes aux personnes privées de liberté. Il demande aussi que des mesures soient prises en concertation avec les acteurs concernés pour encourager le recours aux sanctions non-privatives de liberté. Il plaide enfin pour une sensibilisation des juges et des procureurs au rôle qu’ils ont à jouer dans la surpopulation carcérale.
► Interview | “Les prisons ont été conçues par et pour les hommes, les besoins spécifiques des femmes ne sont pas pris en considération”
Belga – Photo : Belga
■ Duplex de Lisa Saint-Ghislain et Anna Lawan