Le gouvernement de la FWB paralysé par le décret paysage : “J’espère que l’on va pouvoir se remettre autour de la table”
Le PS n’en démord pas : pour qu’il y ait un accord, il faut suspendre l’application du décret paysage pour au moins un an.
Tensions au sein du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Depuis le volte-face des socialistes et des écologistes dans le dossier du décret paysage, et la demande du gel du “décret Glatigny”, les socialistes et les libéraux ne se parlent plus. “L’intelligence collective peut faire beaucoup dans ce genre de dossier. J’espère vraiment que l’on va se mettre encore autour de la table pour en parler“, déclare Caroline Désir (PS) au micro de Fabrice Grosfilley dans Bonjour Bruxelles ce mardi matin.
Néanmoins, la ministre de l’Éducation n’en démord pas : pour qu’il y ait un accord, il faut suspendre l’application du décret paysage pour au moins un an. “Je pense qu’il faut être à l’écoute de la détresse des étudiants telle qu’elle se pose aujourd’hui. On est en campagne électorale, donc on rencontre beaucoup d’étudiants dans les débats. Tous sont extrêmement inquiets des conséquences sur leur finançabilité.”
Les chiffres de la FEF parlent de plus de 70 000 étudiants menacés d’expulsion du parcours scolaire à cause de cette réforme. “La ministre Bertieaux nous dit que ces chiffres sont farfelus. Peut-être, mais en attendant, elle ne nous en donne pas d’autres“, déplore Caroline Désir. “On est donc dans une vraie difficulté d’estimer les conséquences. Vous savez, ce sont des étudiants de 20 ans qui risquent de voir leur parcours stoppé net à partir de septembre. (…) Moi, je ne veux pas prendre des risques avec la vie de ces étudiants, et je pense qu’on doit se donner un tout petit peu le temps de pouvoir évaluer la situation.”
“On ne remet pas en cause le fondement de la réforme”
La majorité du monde universitaire se dit tout de même favorable à cette réforme, pointant le laxisme du décret Marcourt qui permet à des étudiants de repasser de nombreuses fois les mêmes examens. “C‘est pour répondre à cette demande du corps académique que l’on avait accepté de voter une réforme de la version précédente du décret“, rétorque la ministre de l’Éducation. “On n’est pas ici en train de remettre en question le fondement de cette réforme, ni de dire qu’il faut que tout le monde réussisse ou qu’il ne faut plus passer des examens, etc. On veut juste suspendre pour le moment les effets de la finançabilité pendant un an. Je ne pense donc pas que cela va à l’encontre de ce que le corps académique réclame.”
Avec cette paralysie du gouvernement bruxellois, le vote sur d’autres dossiers chauds, comme le refinancement des bâtiments scolaires, est menacé. “Sur le dossier du décret paysage, nous sommes prêts à prendre nos responsabilités. Maintenant, effectivement, il y a des dossiers qui sont importants pour les citoyens. Il y a des dossiers qui sont importants pour l’un ou l’autre partenaire. J‘espère donc que l’on pourra là aussi se mettre autour de la table pour discuter. Le temps peut faire beaucoup en politique.“
► Lire aussi | Tensions autour du décret paysage : “Ce n’est pas parce qu’il y a une pression pré-électorale qu’il faut tout modifier”
■ Une interview de Caroline Désir (PS), ministre de l’Éducation, au micro de Fabrice Grofilley dans Bonjour Bruxelles