Décret paysage : 75.000 étudiants menacés d’expulsion, selon la FEF

La FEF manifeste ce mercredi pour demander aux députés de la Fédération Wallonie-Bruxelles de corriger le décret paysage. Avec les nouvelles règles de cette réforme, ceux qui tardent à valider leurs crédits risquent de perdre leurs droits, notamment boursier, et donc une exclusion du système. Rien qu’à l’ULB, près de 300 étudiants sont concernés. L’université qui, d’ailleurs, demande elle aussi le report et une réflexion sur ce décret.

Écoutez Emila Hoxhaj, la Présidente de la FEF

Quelque deux cent cinquante étudiants ont bruyamment manifesté mercredi midi dans le centre de Bruxelles contre les nouvelles conditions de réussite en vigueur dans l’enseignement supérieur qui, selon eux, vont rendre non finançables un grand nombre d’étudiants dès la rentrée prochaine.

En vigueur depuis la rentrée 2022, cette modification du décret sur le paysage de l’enseignement supérieur n’accorde plus aux étudiants que deux ans maximum (trois en cas de réorientation) pour acquérir les 60 premiers crédits de son parcours de formation, et cinq ans maximum (six en cas de réorientation) pour obtenir son diplôme de bachelier.  Selon la fédération des étudiants francophones (FEF) organisatrice de la manifestation, un étudiant sur trois en Fédération Wallonie-Bruxelles risque en conséquence d’être exclu de l’enseignement supérieur dès la rentrée prochaine.

“Paysage, ça dégage”

“C’est plus de 70.000 personnes dont les projets de vie seront balayés par une réforme élitiste”, dénonce la FEF. Dans le petit cortège de manifestants brandissant un large calicot “Paysage, ça dégage”, on pouvait notamment distinguer mercredi la présence de deux députés de la majorité, les socialistes Martin Casier et Delphine Chabbert, qui ont pourtant voté ladite réforme en 2021. Les manifestants espèrent qu’une modification du décret pourra être adoptée la semaine prochaine par les députés du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, compétente pour les matières d”enseignement.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Françoise Bertieaux (MR), a toutefois déjà clairement fait savoir qu’il n’entrait pas dans ses intentions de modifier un décret rédigé par sa prédécesseure, Valérie Glatigny.  La semaine passée, devant le Parlement, Mme Bertieaux avait accusé la FEF de “semer la panique sur les campus” avec ses affirmations. Le syndicat étudiant a lancé en début d’année une pétition demandant le retrait des nouvelles conditions de réussite. Celle-ci aurait recueilli quelque 50.000 signatures, selon la FEF

“Semer la panique”

La semaine dernière, la ministre de l’Enseignement supérieur Françoise Bertieaux (MR) a accusé la FEF de “semer la panique” sur les campus.  Elle avait rejeté les “affirmations non-fondées” de la Fédération des étudiants francophones sur l’exclusion de nombreux étudiants de l’enseignement supérieur.

“Il ne faut pas écouter les chantres qui tentent de semer la panique dans les campus en avançant des chiffres qui n’ont aucune base aujourd’hui”, a commenté la ministre, en commission du Parlement par de nombreux députés après la pétition et les manifestations organisées par la FEF ce mercredi. “Dire comme le fait la FEF que 75.000 jeunes vont être éjectés de l’enseignement supérieur, c’est effrayant à la veille du blocus des étudiants (…) mais ce chiffre n’est pas étayé par nos établissements”, avait taclé Mme Bertieaux.  “Il n’est pas réaliste de faire des projections sur le nombre d’étudiants qui ne seront plus finançables à la fin de cette année académique”, avait-elle ajouté.

Devant les députés inquiets, en ce compris au sein de la majorité, la ministre a rappelé plusieurs dispositions de la réforme élaborée par sa prédécesseure, Valérie Glatigny. Une réforme qui a redéfini le parcours de réussite des étudiants leur laissant dorénavant deux années pour réussir leur bloc 1. Ceux qui n’auront pu le faire dans le délai imparti “ne seront pas éjectés, mais invités à se réorienter au sein d’un nouveau cursus”, avait détaillé Mme Bertieaux.

“Ceux-là bénéficieront d’une année supplémentaire et ne devront valider que 50 crédits (contre 60 pour une année complète normalement, ndlr)”. D’autres mesures transitoires ont par ailleurs été insérées dans le décret pour les étudiants engagés dans les études avant l’entrée en vigueur de la réforme, avait encore précisé la ministre.  “Il y a donc énormément de balises. Affirmer, comme le fait la FEF, que 75.000 étudiants (sur une population estudiantine globale de 230.000 étudiants en FWB, ndlr) ne seront plus finançables dès la rentrée prochaine, ne tient donc pas la route. C’est juste impossible!”, avait martelé la ministre.

Belga

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27 mars 2024 - 13h42
Modifié le 27 mars 2024 - 14h36