Le Cinemamed a annulé la projection d’un documentaire sur la bande de Gaza, une première en plus de 30 ans
Le festival Cinemamed de Bruxelles a annulé la projection, qui était prévue mercredi soir, d’un documentaire français sur la bande de Gaza “afin que l’édition puisse continuer dans la sérénité”. C’est la première fois que le festival a dû prendre une telle décision en plus de 30 ans d’existence.
Le documentaire “La Belle de Gaza”, réalisé par Yolande Zauberman, devait être projeté mercredi soir au Cinema Palace dans le cadre de la 24e édition du festival Cinemamed. Il a cependant été accusé par divers groupes activistes de “contribuer au pinkwashing d’Israël et à la narrative coloniale génocidaire”, expliquent les organisateurs de l’événement, qui ajoutent ne pas partager ce point de vue.
“Nous y avons vu une série de portraits intimes de femmes en quête de liberté. Le film n’élude ni la précarité ni la dangerosité de l’existence de ces femmes à Tel Aviv. Les dangers qui les menacent sont autant du fait des hommes qui viennent les observer, les harceler, les menacer que celui des religions et de leurs interdits. Au final, il nous semble que le documentaire aborde principalement la difficulté de la transidentité aujourd’hui, et ce, dans l’ensemble des sociétés”, explique le festival. Il regrette que les raisons de la sélection du documentaire n’aient pas pu être entendues et que le public n’ait pas eu l’opportunité de se faire son propre avis sur le film.
Les organisateurs estiment avoir été contraints d’annuler la diffusion du documentaire en raison des proportions qu’ont pris l’appel au boycott de la projection couplé à un appel à la mobilisation devant le Cinéma Palace. “Cette décision est la marque du respect que nous portons au public et aux équipes qui présenteront leurs films aujourd’hui et dans les prochains jours. Il est important pour nous de ne pas invisibiliser les voix et valeurs portées par les autres films de la programmation”, souligne Cinemamed.
Le festival continuera “de programmer des films qui portent les voix des victimes de discrimination et d’oppression et d’œuvrer à créer un espace dans lequel chacun trouve une place pour exprimer ses opinions, en ce compris ses désaccords, dans le respect et l’ouverture”. L’événement “ne peut en aucun cas devenir un lieu d’affrontements politiques”, insistent les organisateurs. En plus de 30 ans d’existence, jamais un film n’avait été déprogrammé, pointe encore Cinemamed, qui dit avoir conscience du poids de cette décision. Le festival est “en réflexion active pour trouver à l’avenir une manière de garantir l’expression de tous les points de vue qui défendent les droits humains et les libertés partout dans le monde”.
Avec Belga