L’avenir de la scan-car se joue en Commission Mobilité: un ancien employé de parking.brussels alerte sur les dérives

Un ancien employé de parking.brussels a exposé les “erreurs récurrentes” de l’Agence régionale de stationnement. 

Ce mardi 12 novembre 2024, la Commission Mobilité du Parlement bruxellois s’est réunie pour évoquer la question du stationnement dans la Région de Bruxelles-Capitale. 

À l’origine de la question ? Une pétition lancée par Stéphane Daenens, un ancien employé de l’Agence régionale de stationnement parking.brussels. Cette pétition, publiée en mai 2023 sur le site democratie.brussels, a obtenu les 1000 signatures nécessaires pour être présentée en commission. 

Dans sa présentation, Stéphane Daenens se dit “témoin de nombreux abus dans le cadre de la gestion et du contrôle de stationnement“. Il précise avoir reçu le statut de lanceur l’alerte depuis le mois de décembre 2022 via la médiatrice bruxelloise. L’ancien employé est à l’initiative d’une page Facebook “Plainte collective Parking.Brussels“. Selon lui, le but est “d’aider bénévolement les citoyens à contester les redevances injustifiées“. Il recevrait jusqu’à dix plaintes par jour.

Stéphane Daenens précise avoir été licencié de parking.brussels. Selon lui, ce licenciement est lié à deux motifs : “manquement professionnel” et “inaptitude professionnelle“, “parce que je remettais en cause des décisions qui n’étaient pas normales.”

“Des pratiques abusives” 

Devant la commission, Stéphane Daenens parle “d’erreurs récurrentes” et de “pratiques de recouvrement abusives“. Il a décidé d’en présenter une dizaine. Ces abus, qui sont considérés comme les plus fréquents par l’ancien employé, vont d’erreurs commises par la scan-car à la poursuite des procédures de recouvrement, alors qu’une constatation est en cours. 

LISTE DES ABUS CONSTATÉS PRÉSENTÉE EN COMMISSION :

Stéphane Daenens évoque le déploiement de la scan-car, qui serait lui-même illégal. En effet, il évoque les résultats d’une enquête de mars 2024 prouvant que “le déploiement de la scan-car à Ixelles et à Schaerbeek n’était pas conforme à la loi caméras“. “Ce déploiement est illégal, et on en a la preuve ici“, indique l’ancien employé.

Un autre abus récurrent concerne la recommandation faite aux citoyens de payer leur redevance, malgré leur contestation “pour éviter d’autres frais“.  “De la sorte, le citoyen n’a plus aucun recours contre parking.brussels, la dette étant payée sous la menace.”

Concernant l’indument perçu, Stéphane Daenens estime que le montant équivaut à quelques millions d’euros.

Fin de la scan-car et retour des zones bleues

Dans sa pétition, Stéphane Daenens émet plusieurs demandes et pistes de réflexion. La première concerne la fin du contrôle via la scan-car. Selon lui, les erreurs sont beaucoup trop nombreuses par cet outil : la scan-car n’identifie pas les cartes PMR ni les disques ou encore les panneaux de réservation de stationnement. Autre souci : le contrôle des photos est effectué en différé. Dès lors, il n’est pas possible de vérifier le véhicule rapidement, empêchant de constater que l’usager est bien stationné et non juste à l’arrêt, ni qu’il est parti acheter son ticket entre temps.

La pétition demande également la suppression de l’encodage de la plaque et souhaite passer au “numéro d’emplacement” pour éviter le surcontrôle de certaines places de parking.

Le paiement à la minute et l’instauration du quart d’heure gratuit dans les tickets payants font aussi partie des pistes envisagées.

Parmi les autres demandes se trouve la suppression de l’indexation des tarifs : “À ce rythme-là, dans deux ans, on devra payer 20€ la première heure“, alerte Stéphane Daenens, qui voudrait d’ailleurs que les tarifs soient revus à la baisse.

Enfin, la pétition demande à revenir à un horaire de contrôle jusqu’à 18h et à un retour des zones bleues dans les quartiers résidentiels.

“Catastrophique”, “vol”, “déplorable”

Pour le MR, Anne-Charlotte d’Ursel indique que “les solutions doivent susciter notre plus vif intérêt“. Elle parle d’une “gestion catastrophique” de la mobilité lors de la dernière législature. Elle indique que le MR souhaite élargir la gamme de paiement, tout en luttant contre la fracture numérique. Selon le mouvement réformateur, il faut une “participation citoyenne” pour déterminer la suite des événements “et pas une participation de façade comme on l’a eue ces dernières années“. 

Leila Agic, pour le PS, parle de “situations kafkaïennes“. “Les automobilistes ont trop souvent l’impression d’être vus comme des vaches à lait en matière d’indemnités forfaitaires (…) alors que, de l’autre côté, le service fourni est de plus en plus déplorable“, indique-t-elle. Le PS demande dès lors un plafonnement des redevances. 

Pour le PTB, Olivier Rittweger de Moor indique que les tarifs font partie d’une “politique de mobilité punitive“. Pour le député, il s’agit d’un “racket“. En janvier 2023, le parti demandait déjà la suspension de la scan-car. Concernant l’indument perçu, le député parle de “vol“. “Notre région a-t-elle encore le moindre contrôle sur son agence pour qu’elle se permette autant d’infractions“, se questionne-t-il.

Améliorer plutôt que supprimer 

Pour Ecolo, Isabelle Pauthier parle de la scan-car comme d’un outil “qui a considérablement amélioré le rendement du contrôle du stationnement en termes de volume“. Elle précise également que la Commission a été invitée au début de la législature précédente dans les bureaux de parking.brussels. L’agence avait admis avoir des problèmes à ce moment-là.

De son côté, DéFI précise : “Ce n’est pas parce qu’il y a des dysfonctionnements, qu’il faut supprimer l’outil“. Selon Joëlle Maison (DéFI), il faut régler les erreurs, sans supprimer la scan-car. Les Engagés mettent également en lumière les imprécisions liées à l’outil. Le parti centriste estime qu’une amélioration de la scan-car est plus pertinente qu’une suppression de celle-ci.

Mardi prochain, à 9h30, une nouvelle Commission Mobilité prendra place. L’agence parking.brussels sera entendue à son tour, nous confirme Jamal Ikazban, président de la commission.

 

Emilie Vanhemelen – Photos : Belga

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13 novembre 2024 - 15h06
Modifié le 14 novembre 2024 - 06h33